Le 8 novembre 2022
Complexe et ambigu, Les Repentis retrace dans un récit assez linaire le cheminement personnel d’un terroriste de l’ETA vers la reconnaissance de ses crimes vis-à-vis de ses victimes. Intéressant mais un peu trop bavard.
- Réalisateur : Icíar Bollaín
- Acteurs : Luis Tosar, Blanca Portillo, Urko Olazabal, María Cerezuela, Tamara Canosa
- Genre : Drame, Biopic, Policier
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h56mn
- Titre original : Maixabel
- Date de sortie : 9 novembre 2022
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Résumé : L’histoire réelle de Maixabel Lasa, la veuve de Juan Maria Jauregui, un homme politique assassiné par l’organisation terroriste ETA en 2000. Onze ans plus tard, l’un des auteurs du crime qui purge sa peine en prison demande à la rencontrer, après avoir rompu ses liens avec le groupe terroriste.
Critique : Ils sont quatre hommes de l’ETA. Ils décident de tuer un militant politique socialiste, en prenant même le risque de braver une voiture de police tout de suite après avoir commis le crime. Le titre original du film porte le nom de la veuve de l’homme politique, là où la traduction française préfère valoriser la question du repentir des terroristes à l’égard de leurs victimes. Ce processus à la fois psychologique et politique n’a d’autres raisons que de produire une reconnaissance des actes terroristes, dans un contexte où les membres de l’ETA ne reconnaissent en aucun cas la légitimité de la justice espagnole. Ainsi, deux figures s’opposent : d’une part, Maixabel Lasa, l’épouse de l’homme assassiné ; et d’autre part, le chef du groupe de tueurs qui s’entête à rester sur ses positions.
- Copyright Epicentre Films
Le long-métrage est d’une texture assez classique. Le montage parfois maladroit ou démonstratif contribue à une écriture linéaire, manichéenne presque, où la dimension politique est éludée au profit de la dimension morale et psychologique. Finalement, on reste assez distants avec les personnages, sans doute parce que la lutte pour l’indépendance du pays basque espagnol demeure une question assez étrangère en général au spectateur français. La mise en scène assez bavarde tente pourtant de façon très didactique de rendre compte de la complexité du propos. On s’aperçoit au fur et à mesure de la narration que les tueurs de l’ETA sont plutôt manipulés, et que leur soif de liberté est guidée par des commanditaires de l’ombre dont ils ne connaissent pas grand chose.
- Copyright Epicentre Films
La comédienne et réalisatrice Icíar Bollaín est connue pour ses positionnements artistiques très ancrés dans la sociologie politique de l’Espagne. Elle affectionne les récits qui donnent à voir la complexité sociale et politique de son pays. Les Repentis ne déroge pas à cet objectif. Finalement, c’est un film qui s’adresse presque plus à un public étranger qu’espagnol, tant la volonté d’explication et de clarification de la complexité espagnole est majeure. Le métrage raconte aussi la réparation d’une femme qui, devant le déni de ses détracteurs, n’a finalement jamais bénéficié de la reconnaissance de la justice de la monstruosité de leurs actes. Maixabel vit en permanence dans la peur, entourée de gardes du corps et hantée par des listes sombres qui la visent comme victime potentielle. L’intérêt principal du film se joue dans la relation entre la mère et la fille, cette dernière ne comprenant pas pourquoi Maixabel tente de recevoir des bourreaux de son mari, un semblant de repentance.
- Copyright Epicentre Films
Les Repentis demeure un long-métrage plutôt intéressant. On regrettera néanmoins une mise en scène démonstrative, tentant de concilier les points de vue irréparables entre des victimes d’attentats et leurs auteurs.
- © Epicentre Films
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