Le 2 août 2022
Une odyssée spirituelle et émotionnelle dans l’intériorité d’un père de famille que le capitalisme et les désastres écologiques sans limite poussent à une sorte de quête rédemptrice. Un film qui prend le temps de saluer la beauté des paysages et celle des gens qui les habitent, ravagés par leurs contradictions.
- Réalisateur : Semih Kaplanoglu
- Acteurs : Umut Karadağ, Filiz Bozok, Gökhan Azlağ, Ayse Gunyuz Demirci
- Genre : Drame
- Nationalité : Turc
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 2h27mn
- Titre original : Bağlılık Hasan
- Date de sortie : 3 août 2022
- Festival : Festival de Cannes 2021
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Résumé : Lorsque Hasan apprend qu’un pylône électrique va être installé sur les terres qu’il cultive, il manœuvre afin que son champ soit épargné. Mais avant de partir en pèlerinage à la Mecque, il promet à sa femme de réparer ses erreurs passées.
Critique : La question écologique fait heureusement son entrée de plus en plus sur les écrans de cinéma. Elle s’invite cette fois dans l’intimité d’une famille qui cultive jour après jour des fruits et des légumes, au milieu de paysages d’une beauté incroyable. Si l’été, la pluie est rare, aux jours tempérés, l’eau apporte aux collines des couleurs sublimes, lesquelles permette à Hasan de vivre dans une certaine luxuriance. Mais l’homme est appelé un après-midi du tracteur où il traite ses plantations. Un ingénieur a pris la décision unilatérale de faire installer des pylônes électriques immenses, au milieu de ses terres, dont on connaît la nocivité. Les animaux ne survivront pas à cette hérésie capitalistique, et sans doute que sa famille succombera à son tour à des maladies terribles. Pour autant, les pesticides, les méthodes agricoles d’Hasan lui-même ne facilitent pas non plus le soin de la planète. Derrière l’homme dévoué pour ses terres, se cache un entrepreneur déterminé à faire fortune, quitte à écraser ses proches.
- Copyright Kaplan Film/Sinehane
Les Promesses d’Hasan est un film qui prend le temps. L’image très soignée s’attache à filmer des détails de la vie des personnages qu’il raconte. Les couleurs sont vives, très belles, comme si chaque plan était pensé comme un tableau de peinture. Semih Kaplanoğlu s’attache à décrire l’existence simple et bucolique de paysans à travers des scènes de travail ou du quotidien, où chaque objet, chaque son concourent à la poésie des espaces. Mais il ne s’agit pas d’un long-métrage faussement romantique, vantant les vertus de la vie campagnarde. Les Promesses d’Hasan interroge les rapports de force qui cohabitent entre les détenteurs de pouvoir et d’argent et le peuple. Chaque personnage, chaque institution contribuent, qu’ils le veuillent ou non, au dérèglement du monde et poussent à des conduites terribles, empruntes d’égoïsme et d’inhumanité. Le récit montre avec froideur et beauté à la fois comment chacun peut se nourrir de la misère d’autrui pour parvenir à ses propres desseins.
- Copyright Kaplan Film/Sinehane
Le personnage d’Hasan occupe une grande part de l’écran. C’est une figure complexe, hantée par son désir de rendre la justice contre ce qu’il juge être une hérésie et son désir infini d’être toujours plus riche et plus puissant. Il est présenté comme une sorte d’anti-héros sinistre et touchant qui s’est repu du désespoir des autres pour s’enrichir, à la manière finalement de ces industriels dont il critique les comportements. Autour de son personnage principal, Semih Kaplanoğlu crée un univers où chacun doit composer avec ses propres contradictions, ses valeurs et ses desseins individuels. En fait, le réalisateur offre un film universel qui trahit chez chacun de nous, notre propension parfois à nous bâtir un bonheur sur le désespoir d’autrui.
- Copyright Kaplan Film/Sinehane
Les Promesses d’Hasan pourrait pêcher par sa longueur. En réalité, c’est un film qui prend le temps de dérouler les noirceurs de l’âme humaine à travers des paysages, des scènes quotidiennes, les objets, les récoltes et des dialogues d’une indiscutable beauté. Le réalisateur de Miel parvient à extraire de ces images, des couleurs et des émotions qui semblent autant d’invitations pour les personnages à trouver en eux la rédemption et la paix. Le spectateur doit se laisser aller à ce rythme lent, qui est interrompu parfois par les cauchemars d’Hasan. La puissance romanesque du long-métrage s’élève dans des images très soignées, où la photographie joue admirablement entre les ombres et les lumières.
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