Les pizzlys - Jérémie Moreau - la chronique BD

Critique : Si vous tapez "pizzly" sur un moteur de recherche, les photos de ces ours polaires au pelage brun arrivent bien avant la nouvelle BD de Jérémie Moreau, car ils sont une réalité dans ces territoires des pôles. C’est là que se situe la nouvelle épopée signée par l’auteur, à notre époque, et à travers les yeux d’une génération qui ne peut que contempler les désastres écologiques produits par les précédentes. L’album s’arrête sur ceux qui subissent le réchauffement climatique alors qu’ils n’y participent pas ou si peu, les indigènes d’Alaska, qui voient les cycles s’effacer, les saumons et le gibier disparaître, les feux et les inondations tout ravager... Croisement entre croyance shamanique et manuel de survie en cercle polaire, cette histoire suit trois frères et sœurs qui finissent liés, et il faut l’avouer, ce n’est pas la fumée qui provoque quelques larmes à la conclusion de ce conte tragique.

© Delcourt / Moreau

Le style de l’auteur se retrouve petit à petit, même si les yeux, les lèvres et la couleur fushia quasi fluo imprègnent les pages, diffusant cette fausse impression d’avoir affaire à une histoire pour enfants. Le propos est en réalité assez crû, tout comme les planches. Vomi ou sang, violence sur enfant ou capture d’animal, malgré ces couleurs et ces jolis traits, il subsiste toujours cette énergie vitale qui, même lorsqu’elle s’échappe d’un être, surgit au cœur des pages de Jérémie Moreau, à l’instar de son précédent album Penss.

© Delcourt / Moreau

Cette fable contemporaine, tissée comme un conte cruel, peut s’enorgueillir de donner à l’œuvre de Jérémie Moreau à la fois une continuité dans le graphisme et une ferveur dans le message écologique.