Les Petites Contemplations - La chronique BD

Les Petites Contemplations représente donc un petit extrait du travail de Yao Ren, qui a fait connaître son blog en dessinant les aventures de son avatar de World of Warcraft avant de prendre une direction plus personnelle. Les cinq récits de ce recueil sont issus de la deuxième période. C’est un plaisir de se laisser emporter doucement dans les rêveries quotidiennes de Yao Ren. Son trait sûr tire parfois vers le manga mais cet auteur Chinois a su trouver aussi une patte plus personnelle. Elle ne ressort pas tant dans la représentation de son avatar ou le réalisme de ses décors mais plus dans ses couleurs et dans le traitement de ses images. Comme si ces dessins portaient une légère texture leur donnant un poids, ajoutant et même renforçant la poésie de certains passages.

Yao Ren parle d’un petit restaurant de quartier, de l’hiver dans un parc, des caches de chat créées par l’homme, des histoires que lui contait sa mère quand il était enfant ou de la pluie battant les rues de Shanghai. Ces sujets d’une banalité sidérante au premiers abord, finissent par nous emporter. D’abord car, comme le recueil le signale d’entrée, il s’agit plus de contemplations, de découverte de paysages, de la vie autour de soi que de récits à la dramaturgie structurée. Des contemplations autant narratives que graphiques. Mais peut-être surtout car il y a la découverte, pour ceux qui ne connaissent pas la Chine, de cet immense pays par le petit bout de la lorgnette. Vous ne verrez pas les quartiers résidentiels et commerciaux de Shanghai mais bien les petites rues désertes, les jardins vides, le troquet du coin, le parc... Et tous ces petits endroits révélés par le dessin qui met en scène un temps capable de se suspendre sur quelques cases avant de reprendre son cours vous donneront envie de découvrir cette Shanghai là.

Yao Ren sait prendre le temps de nous émouvoir par ces petits rien qui font les grands souvenirs. Et aussi loin que nous sommes de lui, partager quelques instants ces Petites contemplations devient un réel plaisir, fugace comme le flocon de neige et doux comme la saveur d’un bon plat de boulettes de porc au romarin et au riz.