Cri du corps
Le 29 avril 2015
Un joli petit film sur une équipe de volley féminine senior dans lequel le sport n’est pas tant une cure de jouvence qu’une manière d’appréhender plus sereinement la fuite du temps.
- Réalisateur : Gunhild Westhagen Magnor
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Suédois, Norvégien
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 29 avril 2015
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Un joli petit film sur une équipe de volley féminine senior dans lequel le sport n’est pas tant une cure de jouvence qu’une manière d’appréhender plus sereinement la fuite du temps.
L’argument : "Les Optimistes" est le nom d’une équipe de volley norvégienne hors du commun : les joueuses ont entre 66 et 98 ans ! Bien que ces mamies sportives n’aient pas joué un seul vrai match en 30 ans d’entraînement, elles décident de relever un grand défi : se rendre en Suède pour affronter leurs homologues masculins. Mais avant cela, il faut broder les survêtements, trouver un sponsor, convaincre l’entraîneur national de les coacher, mémoriser les règles qu’elles ont oubliées, se lever au petit matin pour aller courir… Croyez-les : être sénior est une chance, et ces "Optimistes" la saisissent en plein vol !
Notre avis : Les portraits des joueuses se succèdent. De Goro, la plus âgée, 98 ans ( !) à la plus jeune, 66 ans. La réalisatrice choisit de les introduire de manière frontale : des plans larges face caméra nous font découvrir leurs corps et leur environnement intime. Tout tourne autour de ce fameux match qu’elles vont disputer en Suède contre une équipe senior masculine. Le film nous dévoile les préparatifs, les entraînements et les discussions qui précèdent la dispute. Mais le cœur du film est ailleurs. Au-delà de l’exploit physique et mental que représente cette confrontation, la réalisatrice explore la ténacité de ces femmes, leur manière de concevoir la vie, fusse-t-elle courte. Et ce sont des « petits riens » de l’existence qui deviennent, ici, centraux.
(c) Jour2Fête/PickUp
Grâce à leur pratique non professionnelle, les joueuses doivent sans cesse se mettre à jour, se renouveler, et donc s’adapter au temps présent. A titre d’exemple, un montage alterné les montre, absorbées devant leur ordinateur, en train de faire des recherches sur des équipes rivales et sur des techniques de volley ball qu’elle ont, depuis longtemps, oubliées. L’une d’entre elles parle d’acheter une nouvelle cuisinière car, dit-elle, « il va falloir commencer une nouvelle vie ». A des scènes d’artisanat dans lesquelles elles remplissent leur rôle de « mamies » (préparation de gâteaux, séances de couture) répondent des pratiques contemporaines : elles se mettent au recyclage, apprennent de nouvelles techniques sportives aux côtés d’entraîneurs trentenaires.
Les entraînements viennent ponctuer ces épisodes quotidiens. La réalisatrice, qui est derrière la caméra, prend le parti de s’attarder sur les visages, les expressions. La caméra s’approche au plus près de l’effort par une suite de gros plans, parfois ralentis. Seule ombre au tableau : une musique hispanique, redondante, vient souligner le burlesque intrinsèque de ces séances. Le trait paraît ici forcé et le film lorgne un peu vers le reportage télévisuel.
Heureusement, ces moments plus « faibles » ne nous font pas oublier la force du portrait. La grande discipline de ces femmes régit, tout aussi bien, leur cercle intime que leur pratique collective. Le sport amateur est envisagé avec sérieux : une très belle scène les montre les unes à la suite des autres à skis, le visage et le corps concentrés. L’espace d’un instant, on oublie leur âge, leurs problèmes de santé, la mort qui plane. Le sport devient un ultime moyen de se rencontrer et de s’élever. Les Optimistes sonne alors comme une ode à la perfectibilité.
Dounia GEORGEON
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