Le 16 février 2016
Malgré une réalisation honnête, et deux comédiens investis, ces naufragés échouent trop fréquemment à nous faire rire dans ce qui s’apparente à un "Dîner de cons" sous les tropiques.
- Réalisateur : David Charhon
- Acteurs : Daniel Auteuil, Julie Ferrier, Philippe Morier-Genoud, Laurent Stocker, Laurent Bateau, Julia Faure, Laurent Poitrenaux
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 25 août 2023 22:25
- Chaîne : TF1 Séries Films
- Date de sortie : 17 février 2016
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Résumé : Jean-Louis Brochard, escroc de la finance en fuite, et William Boulanger, teinturier cocu tout juste quitté par sa femme, échouent sur une île déserte après un crash d’avion. Les deux naufragés, incapable de cohabiter, vont essayer de fuir cet enfer en espérant ne jamais se revoir. Mais l’île, pas aussi déserte qu’il n’y paraît, leur réservera une surprise qui les liera à tout jamais.
Critique : Après son succès obtenu en 2012 avec De l’autre côté du périph (2,2 millions d’entrées), David Charhon continue d’explorer la voie des duos comiques aux personnalités opposées (au cirque, duo dit du clown blanc et de l’Auguste), et dont la cohabitation devient imposée par un élément extérieur. Une recette qui a fait ses preuves par le passé, et dont les trois collaborations entre Gérard Depardieu et Pierre Richard dans les années 80 (La chèvre (1981), Les compères (1983) et Les fugitifs (1986)) constituent encore aujourd’hui le véritable mètre étalon du genre en France.
Malheureusement, ce duo-là, constitué du dominant Daniel Auteuil en escroc de la finance (sorte de Madoff français) et du dominé Laurent Stocker en loser fraîchement largué, ne fonctionne jamais complètement et peine à nous soutirer quelques sourires, malgré les efforts déployés par les deux comédiens. La faute, d’abord, à des personnages un peu pâlot. Ainsi le Clown Blanc (Auteuil) manque de force et de virulence face à un Auguste (Stocker), qui lui, au contraire, manque de maladresse et de naïveté. Ressenti accentué par la découverte du centre de vacances que Laurent Stocker cache aux yeux de Daniel Auteuil, inversant par la même occasion les rôles du dominant/dominé au détriment du film. Finalement, n’eut-il pas mieux fallu le faire découvrir par Auteuil afin que celui-ci se joue pleinement de la naïveté naturelle de son compagnon ? Peut être.
Hélas, les dialogues, qui auraient pu rehausser l’ensemble, manquent, eux aussi, de justesse et plombent encore plus le film, à l’image de ce running gag paresseux sur le faux nom de Daniel Auteuil « Mustapha », qui revient tout au long de l’histoire et tombe à chaque fois à plat. Ils affaiblissent même parfois certaines situations comiques, probablement très drôles sur le papier, mais qui, au final, ne fonctionnent qu’à moitié, comme ce poulet, échappé du centre de vacances, qui vient gambader sur la plage des naufragés sous le regard interloqué de Daniel Auteuil. Nous nous rappelons alors que la comédie est une affaire de minutie (que le bon mot doit être prononcé au bon moment) et force est de constater que celle-ci manque souvent de précision.
Alors, de ces naufragés, que reste-t-il à sauver ? Certaines scènes se détachent tout de même du lot comme cette raclette party savoyarde organisée (en plein soleil !) par la directrice du centre qui tente d’honorer les origines... jurassiennes de Stocker, mais elles s’avèrent trop peu nombreuses.
Il faut aller chercher du côté de la réalisation pure pour trouver le véritable point de satisfaction du film, car c’est un fait, David Charhon sait tenir une caméra et réussit là où de nombreuses comédies françaises se contentent souvent du strict minimum (en l’occurrence, des plans fixes en cascade). Ainsi, paradoxalement, les deux passages les plus réussis sont ceux qui nous sortent un temps du genre : soit le crash aérien et un combat contre un varan. Deux séquences filmées avec panache et qui nous donnent presque envie de voir le cinéaste s’essayer à un autre registre.
Faible consolation tout de même lorsque nous nous retrouvons, nous aussi, au bout d’une heure, des naufragés du rire sur notre fauteuil de cinéma, les zygomatiques en alerte, à lancer des SOS en notre fort intérieur, à la manière de l’affiche du film, "Faites nous rire !" et à imaginer notre voisin de fauteuil, tout aussi silencieux, penser encore plus fort "Moi d’abord !". Malheureusement, les secours ne viendront pas.
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