Les météorites - la critique du film

Notre avis : Nina a seize ans. Elle a choisi la liberté en quittant l’école tôt. Elle est venue s’installer dans un petit village du sud de la France, où elle occupe un travail saisonnier dans un parc d’exposition d’animaux préhistoriques. Elle est surtout très jolie et dès la première scène du film, où on la voit sortir du hors-champ pour courir après son bus, le spectateur comprend que ce premier film de Romain Laguna sera autant un long métrage sur une certaine jeunesse de France désabusée, qu’une ode à cette jeune comédienne, Zéa Duprez, dont on imagine qu’elle sera l’égérie favorite du jeune réalisateur. La comédienne est omniprésente d’un bout à l’autre. On pense immédiatement, dans sa façon ingénue et mélancolique d’appréhender le monde, au personnage de Suzanne, interprétée par Sandrine Bonnaire, dans l’immense film de Pialat A nos amours.

© LES FILMS DU CLAN

On ressent beaucoup l’influence de ce cinéma des années 80 dans la façon dont le cinéaste met en scène ses personnages. Toutefois, la période choisie est totalement contemporaine. Les jeunes gens écoutent du rap, ils sont habitués aux mélanges des cultures qui ont habité toute leur enfance. Ils sont surtout désabusés. : les projets d’avenir sont disparates, les espoirs minces, et ils se contentent des petits instants sans perspective, offerts par la vie. Cela fait presque de Les Météorites un film générationnel, au sens d’un récit qui ne pourra être reçu et compris à l’avenir que par ces jeunes qui n’ont jamais connu le monde sans les téléphones portables ou Internet. Seul l’amour, universel et intemporel, traverse toutes les générations.

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On aurait pu craindre un film trop masculin, dont le parti pris se serait incarné à travers la mise en scène d’une jeune femme désirable. En réalité, le réalisateur s’attaque aux conditions dégradées des filles de cet âge, qui, quand elles recherchent l’amour, se heurtent à la brutalité des garçons et leur peur de l’engagement. Cela fait presque de ce film un récit d’initiation où les filles doivent apprendre à se protéger de tout espoir amoureux, si elles ne veulent pas souffrir. Néanmoins, l’histoire ne verse jamais dans la vulgarité ou le stéréotype. Au contraire, le fait d’avoir d’avoir choisi le sud de la France pour suivre Nina, rajoute à la délicatesse du propos. Romain Laguna ne condamne personne. Il regarde la jeune génération dans ses tourments, ses joies et ses espérances. Et il rappelle à chacun d’entre nous combien l’amour est une épreuve et une source de bonheur à la fois, dont il faut se tenir parfois à l’écart pour mieux le savourer.