Les mauvaises herbes - la critique du film

Notre avis : Sept ans après Route 132, Louis Bélanger et Alexis Martin unissent à nouveau leurs talents pour donner naissance au scénario de cette comédie loufoque juste à point.

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Alors qu’il joue Le Misanthrope dans un théâtre de seconde zone, Jacques a pris l’habitude de s’adonner aux jeux d’argent entre deux représentations. Il a souvent perdu et ne peut plus rembourser sa dette. S’organise alors une course-poursuite avec un usurier plus maladroit que réellement effrayant dans les rues de Montréal. Acculé, Jacques monte dans le premier bus venu sans savoir où il va. Le hasard le mène dans un superbe paysage de neige immaculé et déserté de toute vie humaine ou presque. Il ne rencontre que Simon, un vieil homme à l’allure bonhomme qui lui offre le gîte et le couvert. Mais l’hospitalité de Simon n’est pas si généreuse qu’elle en a l’air. Maintenant que Jacques a découvert la culture illégale de Simon, celui-ci le garde prisonnier chez lui. Ce qui démarre comme un polar glisse subtilement vers une comédie entre drame et émotion. Car si Simon séquestre Jacques, c’est avant tout pour briser la solitude qui lui pèse. La naissance de cette amitié entre deux hommes issus de milieux différents (l’un agriculteur, l’autre intellectuel) donne lieu à de beaux passages hilarants. Une jeune employée d’Hydro-Nord venue relever le compteur d’eau tombe elle aussi dans le piège et bouscule l’équilibre fragile que nous deux compères ont établi d’autant qu’elle est dotée d’une personnalité bien affirmée et entend défendre sa façon de vivre, et tout particulièrement son homosexualité. Sa présence apporte une nouvelle note de modernité et le récit s’installe définitivement entre humour et chaleur familiale. Ces trois oubliés de la vie qui n’auraient jamais du se rencontrer (le vieil homme au cœur brisé par une querelle avec son fils qu’il espère retrouver avant de mourir, le théâtreux fuyant ses problèmes et cette jeune femme sans famille ni amis) vont finalement constituer, bien malgré eux, la famille dont ils ont tant besoin.

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Avec légèreté et sensibilité, le réalisateur aborde bon nombre de sujets auxquels chacun pourra s’identifier : la solitude, l’amitié, la mort, la famille, la liberté de revendiquer ses choix de vie. En nous permettant d’assister à l’évolution progressive des relations entre les personnages, il nous les rend attachants. L’imprévisibilité tant des situations que des protagonistes permet au récit de ne jamais connaître de temps mort et maintient honorablement le spectateur en haleine. Si Gilles Renaud se glisse à la perfection dans le rôle de ce vieil ours mal léché bien plus tendre qu’il n’y paraît et si le tandem qu’il forme avec un Alexis Martin réjouissant dans le rôle du naïf pas vraiment dupe, c’est bien la jeune Emmanuelle Lussier-Martinez à l’attitude frondeuse et vive qui donne toute son énergie à cette histoire politiquement incorrecte mais immensément humaine. Des dialogues enlevés pimentés d’une bonne dose de dialecte de français québecois (merci d’avoir pensé aux sous-titres car pas facile à décrypter pour nous les « cousins » français.) achèvent de nous installer dans un monde de bonne humeur communicative. On sort de là tout ragaillardi et on se dit que finalement, cette herbe-là est plutôt bonne et même très bonne. Il serait dommage de ne pas y goûter !