Le 8 mai 2023
Brillante dissertation sur les joies et les difficultés d’être prof au sein d’une Éducation nationale parfois en manque d’imagination.
- Réalisateur : Olivier Ayache-Vidal
- Acteurs : Denis Podalydès, Léa Drucker, Abdoulaye Diallo, Zineb Triki, Alexis Moncorgé
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 28 août 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 13 septembre 2017
Résumé : François Foucault, la quarantaine, est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Une suite d’événements le force à accepter une mutation d’un an dans un collège de banlieue classé REP+. Il redoute le pire. À juste titre.
Critique : À l’heure où la rentrée des classes vient juste de sonner, Olivier Ayache-Vidal, dont c’est la première réalisation, nous offre une vision enthousiasmante du milieu éducatif qui devrait donner des ailes aux professeurs, élèves, parents et à tous ceux qui, à tort ou à raison, estiment que l’école ne remplit plus son rôle d’ascenseur social cher à Jules Ferry.
Pourtant, François Foucault, homme rigide et sûr de son savoir, maniant avec brio mépris et sadisme auprès d’élèves soumis, ne semble guère enclin à se pencher sur la misère sociale et intellectuelle. Ne se contentant pas de nous dévoiler l’une des facettes du personnage, la scène d’introduction du rendu des copies, si elle offre l’occasion à Denis Podalydès de nous régaler d’un numéro d’improvisation totalement jubilatoire, nous jette directement au cœur d’un monde où l’ignorance est bannie et la culture noble déifiée. Car François Foucault appartient à une famille d’intellectuels. Son père, homme de lettres reconnu et honoré mais néanmoins pétri de principes peu tolérants, l’a façonné à son image et il n’a sans doute jamais songé à se rebeller à l’inverse de sa sœur (Léa Drucker toute en fantaisie).
- Copyright Michaël Crotto
Fort de son expérience et de ses idées préconçues, il est convaincu de parvenir à canaliser ces jeunes à qui il suffit, selon lui, d’inculquer une rigueur délaissée au profit d’une trop grande liberté. Déployer des trésors d’ingéniosité pour adapter des principes éducatifs à des jeunes de banlieue bien différents des élèves sages d’Henri IV, voilà précisément tout l’enjeu de cette fiction si documentée qu’elle frôle le documentaire. Le réalisateur s’est immergé durant deux années au sein d’un collège flambant neuf de Seine-Saint-Denis et a observé cette communauté turbulente mais attachante, bien éloignée de l’enfer complaisamment décrit par certains médias. Le thème de l’école a été maintes fois abordé par le cinéma, avec plus ou moins de bonheur. Cette incursion au cœur d’un collège de banlieue nous permet de renouer agréablement avec l’optimisme communicatif qui a fait le succès du film de Marie Castille Mention-Schaar Les héritiers (2014) et avec la ténacité admirable qui animait le film Entre les murs de Laurent Cantet en 2008. L’authenticité fait mouche à tous les coups. Olivier Ayache-Vidal l’a bien compris, en choisissant les jeunes du collège pour incarner leurs propres rôles et en privilégiant une lumière naturelle propre à recréer les conditions exactes du déroulement des cours. C’est dans ce même souci de véracité qu’il choisit des têtes nouvelles et donc peu connues pour incarner l’ensemble du corps enseignant. Collant au plus près de la réalité, il ne nous cache rien non plus des injustices, coups bas et rivalités qui agitent ce cercle fermé. Ce professeur exigeant mais bien plus humain qu’il n’y paraît trouvera, grâce à sa finesse d’esprit et à sa curiosité, un point d’ancrage capable de donner l’envie d’avoir envie à des élèves découragés par un système qui ne leur convient pas. Ce qui ne manquera pas de lui attirer la jalousie de ses collègues, sans doute moins inventifs. Pourtant, sa capacité à tisser petit à petit une vraie complicité avec Seydou (l’excellent Abdoulaye Diallo), l’un des éléments les plus rebelles de la classe, nous comble de bonheur et procure de belles émotions.
- Copyright Michaël Crotto
Qui mieux que Denis Podalydès avec son regard pétillant pouvait donner une telle envergure à ce professeur qui se nourrit et même s’enrichit autant que ses élèves au contact d’une pédagogie à laquelle il n’aurait arbitrairement accordé aucun crédit quelques temps plus tôt ?
La pirouette humoristique finale nous le confirme : le chemin est encore long avant que l’enseignement « aristocratique » et l’enseignement démocratique ne se rejoignent mais tous les espoirs sont permis car les bonnes volontés sont bien là.
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Jessica 13 septembre 2017
Les Grands esprits - la critique du film
Un film mettant une avant une réflexion sur les jeunes de banlieue. C’est vraiment un très bon film ! A voir absolument. Denis Podalydès est excellent.