Le 26 mars 2003

Premier roman original, garni de personnages loufoques.
Premier roman original, garni de ces personnages loufoques qu’on ne croise pas tous les matins. Drôle de prose !
Disons pour commencer que l’ensemble de ce récit est à l’image du titre qui s’étale sur plus de trois lignes au beau milieu de la couverture. Complètement dingue et farfelu. Pour continuer, disons que le personnage central de ce roman est, lui aussi, en totale harmonie avec cette phrase restant pour le moins obscure aux lecteurs n’ayant pas encore découvert ses aventures et son histoire.
Deulon, tel est le nom de cet anti-héros. Sans u, Deulon aurait certainement été un acteur brillant et séduisant. Seulement voilà, la vie réserve parfois de drôles de surprises. C’est en décidant qu’il ne devait plus aller aux toilettes deux fois par jour (oui, il y a une fille là-dessous !) que Deulon se retrouve hospitalisé. Malheureusement, lui qui d’ordinaire avait toujours une bonne blague en réserve destinée à dérider ses copains de bistro se retrouve tout à coup en panne d’humour. Plus d’inspiration, plus d’idée, plus drôle du tout ! Alors, pour compenser cette inattendue et soudaine déficience, il décide de prendre la défense des éleveurs de cochons, dont le cours n’en finit plus de chuter.
Précisons que cette charmante histoire se déroule dans un village du Finistère Nord poétiquement baptisé Guilers, où la quasi totalité de la population de tendance UMP (ex-RPR) fait dans le cochon, vit pour et par le cochon, ne jure que par le cochon. Les cours dégringolent et c’est toute la population qui se retrouve avec le couteau sous la gorge ! Et notre Deulon de prendre en main la destinée de ces éleveurs déboussolés au bord de la ruine... C’est son meilleur ami, vendeur chez Décathlon (encore un qui vaut le détour !), qui nous raconte cette charmante histoire. Pour sa part, il est amoureux de la belle Corine (comme tout le village), qui elle aime Deulon.
Tancrède Voituriez possède un style aussi intéressant et curieux que son patronyme. Certaines phrases s’étirent sur une page entière et on se surprend à sourire au moment où le point final est posé, sans avoir pu lâcher un seul instant cette prose bourrée de digressions diverses et variées, de compléments et autres propositions à rallonge. En choisissant de gloser sur un thème pareil, il y avait vraiment de quoi se perdre dans les chemins de traverse du Finistère Nord. Voituriez a opté pour le bon !
Tancrède Voituriez, Les grandes perturbations surviennent dans les régions où l’atmosphère est d’ordinaire instable, Grasset, 2003, 247 pages, 17 €