Les gardiennes - le test Blu-ray

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Le film : C’est peu dire si Les Gardiennes n’aura malheureusement pas connu le même succès que le précédent de Xavier Beauvois, Des Hommes et des Dieux, même s’il est vrai que ce dernier bénéficia de son Grand Prix à Cannes.
Pourtant, cette plongée dans la France rurale de la Première Guerre mondiale qui montre la France des femmes mérite que l’on s’y attarde. Si le cinéaste rappelle à quel point elles ont tenu, malgré les douleurs et les tragédies, des aspects de l’économie traditionnellement dévolus aux hommes, c’est pour esquisser en creux une histoire d’émancipation, l’émancipation d’une femme - la sublime Iris Bry - de la morale et des règles oppressantes dune société faite par et pour les hommes.
Dans sa manière toute contemplative de composer ses plans, de limiter l’usage de la musique pour mieux écouter les bruissements, le vent, les activités des femmes qui s’affairent, Beauvois inscrit son film dans un certain classicisme, un naturalisme évoquant Pialat qui, sublimant les gestes d’un quotidien révolu, parvient à suggérer la tragédie de ces existences simples suspendues aux aléas de l’Histoire. En même temps qu’il dresse le portrait de ces femmes, il raconte un monde qui change, les débuts d’une modernisation qui modifiera en profondeur la nature du travail agricole.
Ce beau film, donc, est disponible depuis le mois d’avril en Blu-ray, une édition basique aux solides arguments techniques.

Les suppléments :

S’il y en a vraiment très peu, ils ont le mérite de ne pas suivre les habituels formats promotionnels :
Michel Legrand et la musique du film : le compositeur est au travail sur son piano et avec l’orchestre dans ce court module de 4mn35. Si le passage est entrecoupé d’une petite interview dans laquelle il parle surtout du travail du cinéaste, on aura surtout plaisir à le voir jouer ses thèmes au piano.
Le casting de Gilbert Bonneau : c’est une sorte de vidéo d’audition pour Gilbert Bonneau qui incarne le vieux patriarche de cette famille de paysans. Si de prime abord cela semble être un choix incongru que de l’avoir intégrée dans les bonus du film, voir l’homme décrire sa vie de paysan et évoquer sa jeunesse permet de mesurer à quel point, si les techniques ont changé, le monde rural est toujours proche de ce qu’il était hier.
Comparaison casting et scène finale : deux séquences qui ont servi aux auditions, l’une de Mathilde Viseux, qui incarne la jeune Marguerite, et l’autre d’Iris Bry, sont montées avec la version finale du montage. L’occasion de voir que les actrices tenaient déjà plutôt bien le rôle.
Scène coupée : ce n’est pas une scène inédite retirée du montage finale mais plutôt une scène ratée dans laquelle Gilbert Bonneau, qui n’est pas un acteur professionnel, a beaucoup de mal à sortir une réplique. Une sorte de bêtisier où les fous rires fusent, et montre que l’ambiance lors du tournage était plutôt détendue.

L’image :

Les crépuscules et les aubes au ciel rose, les ocres des blés et les rayons du soleil couchant filtrés par les arbres, les intérieurs en clair-obscur, les paysages enneigés ou bien rendus troubles par la brume et l’obscurité ; toute la beauté de la photographie dirigée par la très grande Caroline Champetier, qui a tourné en numérique, est restituée à l’écran grâce à l’impeccable master HD.

Le son :

Piste 5.1 DTS HD Master Audio qui permet l’immersion dans cette nature au vent toujours présent en fond, avec des dialogues centrés, toujours clairs. La séquence du cauchemar joue un peu plus sur l’effet surround et fait monter les basses. Du bon travail.