Les Futurs de Liu Cixin : La terre vagabonde - Christophe Bec, Stefano Raffael - la chronique BD

Critique : Les fans de Liu Cixin seront ravis d’apprendre que ses nouvelles sont adaptées par la crème de la bande dessinée dans une série publiée par Delcourt. Pour le premier volume, l’éditeur a choisi d’adapter le titre le plus célèbre, La Terre Vagabonde, un récit qui a déjà fait l’objet d’une adaptation cinématographique sur Netflix. Pour scénariser ce gros morceau, il a été fait appel à un poids lourd de la SF française qui va s’y coller : Christophe Bec. Le manuscrit chinois est ainsi entre de bonnes mains avec un parcours rythmé, des ellipses nécessaires, quelques scènes d’importance choisies... Les péripéties s’étalent sur des années et donnent à voir croyances, désespoir, révolte ou abandon avec des plans resserrés. Curieusement, les personnages que l’on imaginait peu intéressants gagnent en consistance, et on se plaît à se demander quelle serait notre position, quel aurait été un autre dénouement... Comme d’habitude, la science fiction est là pour questionner, pour montrer un reflet difforme du futur, l’évidence se révélant toujours un piège gonflé de technologie.

© Delcourt / Raffaele

Pour épauler Bec, c’est un italien chevronné qui impose son style avec un dessin sans optimisme doté de lignes claires, de visages agréables dans un environnement hostile. Les personnages semblent être peu à peu influencés par l’éloignement du soleil, comme si les corps et cœurs devenaient plus froids. Le récit est raconté sur un bon tempo avec un dessin maîtrisé, et le lecteur se laisse happer facilement, espérant même que le duo sera de retour pour d’autres histoires de Cixin.

© Delcourt / Raffaele

Cette Terre Vagabonde ne manque pas d’atouts pour séduire un large public, et permet d’annoncer les prochains avec une sérénité et une curiosité vibrantes.