Le 11 septembre 2015
Une fable fascinante, aussi austère que ses décors.
- Réalisateur : Istvan Gaal
- Acteurs : Ivan Andopov, György Banffy
- Genre : Drame
- Nationalité : Hongrois
- Editeur vidéo : Malavida
- Durée : 1h20
- Titre original : Magasiskola
- Festival : Festival de Cannes 1970
L'a vu
Veut le voir
– Sortie DVD : le 25 septembre 2015
– Prix du Jury au festival de Cannes 1970
Une fable fascinante, aussi austère que ses décors.
L’argument : Un étudiant en ornithologie entreprend un stage auprès d’un fauconnier qui dresse ses rapaces dans une puszta déserte. Il est fasciné par les qualités de son chef jusqu’à ce qu’il découvre son extrême cruauté...
Notre avis : Un homme arrive dans une steppe hongroise ; à la manière d’un candide, il découvre – et nous fait découvrir – le monde des fauconniers, monde coupé de la civilisation, presque en autarcie, ravitaillé seulement par un cocher quasi-muet. À la fin du film, l’homme, Gabor, repart. Toute l’histoire est contenue, avec une belle unité de lieu, entre deux voyages dont nous ne verrons rien, de même que nous ne saurons rien de ce personnage énigmatique conçu comme le révélateur des autres. Ces autres, intégrés au mode de vie spartiate centré sur les faucons, se résument à des silhouettes obéissantes, et à une femme, Thérèse, et un chef, Lilik. Commence alors une relation faussement triangulaire, qui repose sur le sexe, mais un sexe partagé : Thérèse « couche avec les autres quand Lilik ne veut pas d’elle ». Pas de sentiment ici, dans cet « idéal socialiste » de productivisme et d’ordre. Car, on le comprend vite, ce monde clos et austère est aussi une métaphore, où l’on parle d’intérêt général pour masquer une dictature, où la vie privée n’existe quasiment pas (les habitations impersonnelles sont sans cesse ouvertes), où l’emploi du temps est strict. Pas de fantaisie : Thérèse a renoncé à la sculpture, exercice vain et non productif. Le réalisateur-scénariste compose une utopie inversée, qui, sous les apparences d’un système ordonné, cache tous les attributs du fascisme : culte du chef, virilité exacerbée, mythologie adaptée (le faucon parfait), organisation paramilitaire (voir le passage en revue des faucons sur fond de marche militaire ou leur enterrement).
Mais Les Faucons n’est pas pour autant un film pamphlet et lourd : fasciné par les rapaces, le cinéaste compose avec un sens aigu du cadre une méditation plus large sur la nature, les hommes et ce qui les unit. Il utilise les magnifiques paysages, éliminant presque toute trace de modernité (un tracteur, des fils électriques) pour s’attacher à un rythme contemplatif. On ne trouvera pas ici de péripéties, peu d’actions : Gaal préfère approfondir les relations psychologiques et creuser à l’aide de détails précis (voir les mésaventures de la barbe du héros) une intrigue minimale, faite de moments creux, de regards plutôt que de dialogues, d’observations plus que d’explications. Certes, cela donne un film assez austère, mais si l’on s’abandonne au rythme lent, sa richesse et sa subtilité procurent une fascination assez rare qui va bien au-delà de la dimension politique.
Les suppléments :
Le livret de 12 pages qui accompagne le DVD se compose d’ une analyse fine du film et d’un entretien intéressant avec le réalisateur.
L’image :
La copie accuse son âge, avec des fourmillements, quelques rares parasites : défauts véniels qui ne gênent aucunement la lecture.
Le son :
Comme pour l’image, la piste mono est décevante par rapport aux critères actuels. Mais, à défaut d’être limpide, le son est propre et parfaitement audible.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.