Le 9 juin 2018
- Genre : Animation
- Voir le dossier : Bilan 2017
À l’occasion d’une conférence de presse tenue le mardi 5 juin 2018, le CNC a présenté, pour la dixième année consécutive, une étude complète sur les œuvres d’animation audiovisuelles, leur production, leurs milieux professionnels, leurs évolutions et leurs exploitations sur tous les supports : salles de cinéma, télévision, vidéo internet, vidéo à la demande...). Voici un rapport synthétique des principaux chiffres clés du marché de l’animation en 2017.
Nous en étions déjà certains, mais le CNC lui-même nous le confirme : le cinéma d’animation français est au mieux de sa forme ! C’est en tout cas ce que confirme la dixième étude du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée sur le marché de l’animation.
Contrairement à nombre de secteurs professionnels, le secteur de l’animation connaît le plein emploi en France, avec plus de 6 200 emplois… et tend à la parité ! Si le nombre d’emplois a quasiment doublé depuis douze ans, (3 235 emplois en 2004 pour 6 211 emplois en 2016), la présence des femmes se renforce également, représentant en moyenne 42% des effectifs.
- Source : CNC
Rien d’étonnant, dès lors, à ce que le cinéma d’animation français connaisse une forte croissance et un fort développement. 2,9 milliards d’euros ont été investis dans l’animation sur la décennie – l’animation étant le genre qui se finance le mieux à l’étranger – et les investissements ont progressé de 4,9% en 2017. La même année, cinq longs-métrages d’animation (qui ne sortiront pas avant trois ou quatre ans) ont été produits, dont trois coproductions internationales. Rien d’étonnant à ce que le reste du monde veuille venir faire des films d’animation en France. L’hexagone regorge d’écoles et de studios réputés pour leur excellence !
En outre, 206 heures de séries d’animation françaises de 11 à 13 minutes et 105 heures de séries d’animation françaises de moins de 8 minutes sont diffusées chaque année. Cependant, le coût de production horaire des films et séries d’animation, affiché aujourd’hui à plus de 700 000 euros de l’heure, ne cesse d’augmenter. Cela est dû à une amélioration de la qualité des techniques de fabrication des films et programmes, ainsi qu’à une relocalisation de nombreux studios en France, où la production coûte très cher.
Pour preuve, les films d’animation français ont des devis deux fois supérieurs à l’ensemble de la production française agréée par le CNC, soit 835 millions d’euros, dont 181 millions d’euros étrangers sur dix ans. L’apport public (CNC, régions…) est aussi très important, contrairement à celui des chaînes de télévisions, qui consacrent peu d’argent à l’animation et dont l’apport représente 14,1% de son financement global. Les dépenses pour ce genre cinématographique ont augmenté, en 2017, de 182 millions d’euros par rapport à 2015, et de grosses productions internationales, (Moi, moche et méchant, Tous en scène, Coco…) viennent se faire en France car il y a de nombreux savoir-faire.
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L’animation est le premier genre cinématographique français à s’exporter à l’international, faisant ainsi plus de la moitié de ses entrées sur les sols étrangers. Mais il peine à concurrencer le géant américain dans son propre pays.
En 2017, les films d’animation, toutes nationalités, réalisent 31 millions d’entrées dans les salles hexagonales, soit 16,3% de parts d’entrées des films inédits. Ces films réalisent ainsi 186,9 millions d’euros de recettes, soit 14,7% des recettes globales. Cependant, les productions françaises cumulent à peine 2,9 millions d’entrées 9,3%, alors que les productions américaines en cumulent 25, 4 millions, soit 82%. Ces chiffres, apparemment très bas, restent néanmoins supérieurs aux résultats des autres pays européens dans ce secteur.
Le public des films d’animation est plus hétérogène qu’on ne pourrait le croire, se composant à 43,1 % d’enfants de 3 à 14 ans et à 12,6% d’adolescents et jeunes adultes de 15 à 24 ans. 29,1% de son public sont des adultes de 25 à 49 ans, et 15,2% des spectateurs de 50 ans et plus.
Enfin, 40% des ventes de programmes audiovisuels français d’animation se sont faites à l’étranger en 2016 (notamment aux plateformes de streaming souhaitant élargir et diversifier leurs offres pour le jeune public). Les programmes d’animation représentent par ailleurs 55,9% des programmes de la télévision française, pour plus de 14 000 heures de programmes chaque année. L’animation représente ainsi 80% de l’offre audiovisuelle (tous supports compris) pour 3 à 29% d’audience, avec un prime time très matinal de 6h à 8h, le tout renforcé par de nombreuses rediffusions de longs-métrages d’animation à certaines périodes de l’année, notamment durant les fêtes et les vacances scolaires.
- Source : CNC
Le cinéma d’animation est en grande forme et continue de se développer de par le monde, il se porte donc bien et même très bien. La France peut en être fière. Pour autant, la richesse de ses programmes, à destination de la jeunesse notamment, se voit remise en question par le projet de réforme de l’audiovisuel public portée par la Ministre de la Culture Françoise Nyssen. Cette réforme prévoit notamment la suppression de France 4, chaîne publique dédiée aux programmes d’animation et magazines à destination de la jeunesse, alors même que sa part d’audience (1,8% en 2017) est supérieure à celle de son principal concurrent de la TNT, Gulli (1,6% en 2017).
De nombreux parents ont déjà manifesté leur incompréhension et leur mécontentement, tandis que Jack Lang a récemment pris position en faveur du maintien de la quatorzième chaîne : « Pour 25 % des enfants, et notamment les plus défavorisés, France 4 est le seul accès à des programmes dédiés, gratuits et sans publicité », argue l’ancien Ministre, ajoutant qu’une telle décision « risque de reléguer l’animation française et l’identité des programmes jeunesse de notre pays loin dans le passé. »
Ce plaidoyer d’un des plus grands hommes de Culture en faveur de l’animation française suffira-t-il à faire revenir Madame Nyssen sur sa décision ? Seul l’avenir nous le dira.
Plus d’informations sur le site du CNC
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