Le 28 mai 2020
Le premier grand succès du Splendid demeure une comédie drôle, malgré les années. Grâce à l’énergie des acteurs et à des gags qui sont globalement irrésistibles.
- Réalisateur : Patrice Leconte
- Acteurs : Luis Rego, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Christian Clavier, Michel Blanc, Dominique Lavanant, Bruno Moynot, Marie-Anne Chazel, Martin Lamotte, Michel Creton
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC)
- Date télé : 12 juillet 2023 21:10
- Chaîne : TF1
- Date de sortie : 1er novembre 1978
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Résumé : Un groupe de vingt personnes arrive extenué dans un club situé en Afrique pour passer quelques jours de repos. Et ils sont bien décidés a rentabiliser au maximum leurs vacances. C’est ainsi que nous suivrons les aventures tragi-comiques de la colérique Nathalie, de Gigi, de Jerôme le sûr-de-lui, Christiane, le malchanceux Jean-Claude, et bien-sûr celles des G.O (gentils organisateurs). Nouvelles rencontres, liaisons momentanées, petits et grands drames seront au programme...
Critique : Certains auront beau jouer la beauferie à coups de Benco et de slip décontracté, ils en resteront toujours au stade du "chiche", alors que le Splendid, avec ce premier film culte, met directement les pieds dans le plat. Adaptant une de leurs pièces à succès, Amour, coquillages et crustacés -un classique du café-théâtre-, la joyeuse bande signe des débuts fracassants, qui en appelleront d’autres et créent un appel d’air absolument vivifiant dans une comédie hexagonale dominée, à l’époque, par Louis de Funès, les Charlots et Pierre Richard. C’est un peu de l’esprit soixante-huit qui infuse dans cette excellente satire du Club Med cher à Trigano : amours libres ou torpillage en règle de la société de consommation, quand elle s’habille d’un collier de nouilles et emprunte les airs de la beaufitude ravie, on y voit les inflexions d’une société qui, évidemment, n’avait pas sa place dans les films de Gérard Oury.
Ici, chaque personnage est roi, a le droit à sa typologie : Jugnot et Balasko jouent les bidochons parvenus avec une délectation joyeuse, Lhermitte est évidemment un inoubliable Popeye, hybridation parfaite de stupidité autosatisfaite et de hâblerie aux senteurs d’after-shave, Clavier incarne son acolyte en version plus feutrée, mais juste parce qu’il est médecin, Chazel joue très bien la pin-up superficielle et Lavanant répond à Blanc, comme le négatif d’une photographie. Même solitude sentimentale, même difficulté à trouver l’âme sœur. Pourtant, personne ne pourra jamais égaler l’acharnement grotesque d’un Jean-Claude Dusse.
Certes, il existe un mince fil narratif qui n’est qu’un prétexte à gags : mais on n’en voit pas un qui soit vraiment raté, parce que le Splendid connaît ses classiques, fait infuser le comique de caractère dans des situations iconoclastes, toute plus drôles les unes que les autres, organisant ainsi une sorte de tir aux pigeons irrésistible : Jean-Claude Dusse vit l’enfer répété du bide sentimental, reproduit en autant d’exemplaires que d’entreprises lamentables ; Popeye est puni d’une manière immanente, parce qu’il n’était pas moral qu’un Casanova en espadrilles pût rafler la mise ; Jérôme ne se rend pas compte qu’il atteint des sommets de grotesque, en récitant du Saint-John Perse le cul à l’air. Quant à Bernard et Nathalie, nantis de leurs certitudes, ils sont peut-être les plus représentatifs de ces Français moyens beaufs qui, touristes au Club Med, ont l’impression de se hisser au niveau d’une bourgeoisie qui les fascine.
Mis à part quelques personnages secondaires dont on aurait pu se passer - Bourseault, par exemple, qui fait doublon avec Popeye -, et une curieuse séquence mélodramatique - la mort accidentelle du même Bourseault, piqué par une raie -, tout le reste irradie d’une vraie énergie et démode en une heure et demie, trente ans de cinéma comique français. Comme une sorte de Nouvelle Vague de l’humour.
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