Les bonnes intentions - la critique du film

Copyright Epithète Films - Twentieth Century Fox France

Critique : Gilles Legrand, à qui l’on doit Malabar Princess, Tu seras mon fils et plus récemment L’odeur de la mandarine, continue son introspection des malaises familiaux. Cette fois, le manque d’équilibre entre chronique domestique et satire sociale le fait malencontreusement dévier de sa trajectoire initiale.
Quinquagénaire fringante, Isabelle vit à Paris avec son mari, un ex-réfugié bosniaque et ses deux enfants. Bénévole totalement investie dans plusieurs associations caritatives, elle y consacre tout son temps au point de délaisser une famille qui peine à comprendre une telle addiction. Au fur et à mesure du récit, quelques détails laissent imaginer qu’elle nourrit des relations difficiles avec sa mère qui lui reproche de n’avoir pas aussi bien réussi que son frère, car dans cette bourgeoisie dont elle est issue, il est de bon ton de se hisser au sommet de l’échelle sociale. Isabelle n’en a cure. Son credo à elle, c’est d’aider les autres. Aussi, lorsqu’elle apprend que la direction du centre social où elle travaille comme professeur de français langue étrangère, lassée de ses méthodes jugées trop peu efficaces et de ses retards, a décidé de lui trouver une remplaçante, elle prend l’initiative d’entraîner ses élèves vers une autre voie et découvre, par la même occasion que tout le monde n’est pas doté du même esprit altruiste qu’elle.

Copyright Pascal Chantier - Epithète Films/Twentieth Century Fox France

Des dialogues vifs et bien amenés enrichissent ce qui d’emblée s’annonce comme un plaisant concentré d’humanité qui n’a d’autre objectif que de dénoncer, avec un humour ravageur qui n’épargne personne, les petits travers et les grandes catastrophes générés par nos sociétés repliées sur elles-mêmes. Mais ces atouts s’étiolent peu à peu dans des situations répétitives. Essentiellement occupée à nous délivrer la recette d’un monde meilleur, l’histoire empile les gags certes souvent drôles mais au ton uniformisé et n’esquisse que trop rapidement les carences affectives qui ont probablement poussé Isabelle à se dévouer si outrageusement aux autres transformant ainsi le personnage principal en un être peu nuancé aux failles incertaines.

Copyright Pascal Chantier - Epithète Films/Twentieth Century Fox France

Pourtant, qui mieux qu’Agnès Jaoui pouvait accorder toute sa magnificence à cette reine de la bienséance, dont la générosité débordante et la promptitude à l’auto-dérision renvoient l’écho de beaux accents de vérité ? Le duo qu’elle compose avec Alban Ivanov, touchant en loser magnifique masque les imperfections d’un scénario qui évite de peu la caricature.
De cette comédie portée haut et fort par une bande de comédiens majoritairement non professionnels à l’authenticité brute, on préfère retenir l’initiative honorable de tenter d’amuser tout en questionnant sur la nécessité de renouer avec l’entraide et la solidarité pour faire évoluer le monde dans le bon sens. Car finalement, comme le dit le proverbe, « c’est l’intention qui compte ! »