Le 9 novembre 2021
- Scénariste : Amélie Sarn
- Dessinateur : Laurent Audouin
- Editeur : Le Petit Lézard
Sacré-Cœur est le héros principal d’une série illustrée par Laurent Audouin et scénarisée par Amélie Sarn.
Il est aussi l’objet d’une grande exposition interactive et immersive imaginée par son dessinateur.
Laurent Audouin, à quelle époque se situent les aventures de Sacré-Cœur, dont vous allez nous dresser le portrait ?
Nous sommes au début du 20e siècle à Paris, l’action se situe vraiment au commencement des années 1900 mais volontairement nous n’indiquons pas de dates.
C’est l’histoire d’un petit garçon qui a une dizaine d’années et qui va mener des aventures fantastiques un peu surnaturelles, des enquêtes…en plein cœur de Paris dans chaque album il va devoir aider quelqu’un de son immeuble (soit l’archéologue, soit celui qui travaille au chemin de fer…) à résoudre un mystère ! En effet dans Paris se déroulent des catastrophes qui mettent la ville en danger.
Chaque épisode va se situer dans un endroit célèbre : la tour Eiffel, le Louvre, le jardin des plantes, la gare Montparnasse, Montmartre pour le dernier, tandis que notre héros qui est bricoleur va devoir être confronté à des créatures surnaturelles mais il va être aidé par Abigail, une petite fantôme et Mimi, une petite chauve-souris apprivoisée qui vont l’aider dans ses aventures.
Quels sont les objets qu’il invente ?
Il crée tout un tas de machines fantastiques : pour faire disparaître un vampire, pour capturer des zombies, pour aspirer des fantômes ou encore une autre qui aspire la fumée des gargouilles de Notre Dame de Paris lorsqu’elles prennent vie. Ce sont donc des machines dans le style des récits de Jules Verne.
Il va toutes les fabriquer, du sous-marin à l’aspirateur de fantômes, dans l’atelier de l’immeuble où il habite (28, rue du Chemin Vert).
Photo : Amélie Sarn
Sacré-Cœur c’est aussi une exposition que vous avez créé et imaginée de A à Z.
Les machines évoquées plus haut n’existent pas évidemment dans le monde réel, et comme j’ai besoin de modèles pour les dessiner j’ai donc pris le parti de les fabriquer en amont.
Il bricole avec les outils de son époque et avec ses capacités d’enfant, par conséquent je les fabrique avec des objets de récupération, cela peut être des moules à gâteaux, des fouets de cuisine, des passoires, des tuyaux d’aspirateurs, des joints…le résultat ressemble en quelque sorte à une machine que l’on peut rapprocher du style steampunk. Ainsi j’ai un modèle réel, en 3D et surtout cela me permet de les montrer à Amélie Sarn, la scénariste de la BD, pour lui permettre de voir à quoi ressemble la machine, comment elle pourra la décrire et comment elle pourra s’en servir dans son histoire.
L’exposition est née de ces modèles il y a quatre ans mais complétement par hasard. Je l’ai mise en place suite à l’engouement rencontré lorsque j’ai présenté pour la première fois les machines dans une école. Et depuis elle s’enrichit à chaque fois et connait un certain succès dû principalement au bouche à oreille.
Photo : Amélie Sarn
La particularité de cette exposition est son caractère ludique et interactif. Racontez-nous en détail.
Il existe actuellement douze albums de la série et une vingtaine de machines ont été construites pour ces albums précisément. Dans l’exposition et pour que ce soit amusant pour les enfants j’ai dû fabriquer une douzaine de machines supplémentaire qui elle sont faites pour être manipulées par les visiteurs (enfants et adultes) : avec des manivelles, des systèmes où l’on enfonce ses mains puis jaillit de l’électricité, de la fumée… il se passe plein de choses. Le visiteur est totalement plongé dans cet univers de Paris en 1900, il peut essayer les machines et c’est cela qui rend l’exposition ludique.
Pour rendre la visite encore plus marrante je propose un petit quizz papier qui permet aux enfants, et aux parents, de se plonger dans les originaux et dans les machines, leur permettant ainsi d’être encore plus observateurs. Cela peut être aussi un défi entre parents et enfants, et je note que souvent les ces derniers sont beaucoup plus observateurs que leurs ainés et sont plus malins pour remplir les questionnaires !
Quelques exemples de machines singulières ?
Il y a par exemple le crâne. Pour faire l’album Le spectre de l’opéra j’avais acheté un crâne très réaliste mais en résine, et une fois le livre terminé je l’ai motorisé et dorénavant il est articulé, il bouge tout seul dans l’exposition. Il se trouve dans une caisse, qui rappelle la momie de Rascar Capac dans Tintin, équipée d’un système audio donc lorsque l’on colle son oreille on peut entendre le crâne nous parler.
On peut aussi parler de la machine de la maman de Sacré-Cœur avec laquelle je transforme le visiteur en medium : il met les mains dans l’engin et grâce à l’électricité statique se mains vont apparaître phosphorescentes, comme s’il était possédé par un fantôme.
Aucun danger mais énormément d’amusement !
Photo : Amélie Sarn
On note dans Sacré-Cœur plusieurs niveaux de lecture, avec de nombreux clins d’œil à l’Histoire et aux faits divers du début du XXe siècle.
Effectivement. On se sert de vrais faits divers comme dans Les loups-garous de Montparnasse où l’on évoque un vrai accident qui s’était déroulé en 1895 à la gare Montparnasse où un train était tombé du premier étage de la gare, il existe d’ailleurs des photos célèbres de cet événement que j’ai utilisées pour la documentation de cet album.
On va ainsi retrouver cet accident non pas en 1895 mais en 1900, non pas en raison d’un train qui allait trop vite mais à cause de loups-garous. Les adultes peuvent donc aussi retrouver un autre niveau de lecture et découvrir des éléments historiques au cours des aventures de Sacré-Cœur.
Sacré-Cœur est un véritable phénomène et de nombreux enfants s’en emparent pour créer des projets éducatifs. Citez-nous quelques exemples de réalisations.
Exactement ! Je citerai trois exemples concrets.
Tout d’abord, une classe de Reuil Malmaison qui a créé une pièce de théâtre accompagnée par un metteur en scène autour d’un album de la série, où chaque enfant joue un rôle.
Il y a une autre école, cette fois à Nîmes, qui réalise en film en stop motion autour des Loups-garous de Montparnasse.
Et dernièrement un établissement s’est amusé à reproduire toutes les machines en Lego.
Tous ces moments sont pour moi extraordinaires, c’est un vrai prolongement car j’adore transmettre et partager. Voir tout cela me donne plein d’idées !
J’aimerais d’ailleurs que Lego organise, autour de Sacré-Cœur, un vrai concours destiné aux classes, avec des dotations de petites briques. C’est aussi une façon d’aider nos enfants à être plus créatif. Le message est donc lancé !
Photo : Amélie Sarn
La particularité de cette exposition réside dans le fait qu’elle est aussi itinérante et que vous la mettez à disposition de différents lieux culturels.
L’exposition, qui est devenue conséquente, représente tout de même 27 caisses, cela correspond à trois palettes. J’ai créé moi-même ces caisses, elles ressemblent à celles que l’on peut voir dans le film Indiana Jones et l’arche perdue lorsqu’elles sont empilées chez moi. Ces caisses de transport, à l’ambiance 1900, ont une double utilisation car elles servent aussi de support de présentation tout au long de l’exposition. Ainsi, par exemple, lorsque médiathèques reçoivent les caisses ça ressemble au jeu Tétris mais c’est très facile à monter ! C’est aussi ludique à monter qu’à visiter.
Où pourra-t-on retrouver l’exposition consacrée à l’univers de Sacré-Coeur dans les prochains mois ?
Elle est visible jusqu’à fin juillet à la médiathèque de Saint-Lô. Elle sera ensuite en octobre/novembre à Clairac (Lot-et-Garonne) puis tout le mois de décembre à la médiathèque d’Alençon. On la verra enfin, à Bayeux en février 2022.
Rendez-vous en janvier 2022 pour la suite des aventures de Sacré-Cœur qui se dérouleront cette fois dans les jardins du Palais du Luxembourg.
Interview réalisée en juin 2021 lors du festival Le Livre à Metz.
Pendant le confinement Laurent Audouin a mis à mis en place un site permettant de garder un lien avec les classes et les lecteurs-trices. On y retrouve des jeux, des recettes, des paper toys à réaliser soi-même….
http://www.finelouche.petitlezard.com/
Galerie Photos
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