Indiana Beauf
Le 17 janvier 2018
Anomalie délurée dans la filmographie du grand John Carpenter, cette petite perle d’aventures comiques est sans aucun doute la meilleure imitation d’Indiana Jones, à laquelle s’ajoute un bel hommage au cinéma hongkongais d’antan. Un vent de fraîcheur pour le maître de l’Horreur. Reprise en HD le 31 janvier 2018.
- Réalisateurs : John Carpenter - Dennis Dun
- Acteurs : Kurt Russell, James Hong, Kim Cattrall, Dennis Dun, Victor Wong
- Genre : Comédie, Fantastique, Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 1h39mn
- Reprise: 31 janvier 2018
- Box-office : 766 894 France / 203.797 entrées P.P. en 10 semaines
- Titre original : Big Trouble in Little China
- Date de sortie : 3 septembre 1986
L'a vu
Veut le voir
L’argument : Les aventures du baroudeur Jack Burton à Chinatown, où règne le terrible sorcier Lo Pan. Celui-ci pense pouvoir retrouver son enveloppe charnelle grâce aux beaux yeux verts de Miao Yin, délicieuse Chinoise fiancée d’un ami de Jack...
- © 20th Century Fox
Notre avis : Alors au sommet de sa carrière de référence de la terreur sur pellicule, personne ne s’attendait vraiment en 1986 à voir John Carpenter aux commandes d’un projet aussi déluré que Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, qui aurait mérité de se voir couronné de multiples récompenses ne serait-ce que pour son titre. Connu pour sa maîtrise du suspense et des codes du western qu’il aime transposer dans le genre de l’horreur, Carpenter se voit confié un budget confortable (25 millions de dollars, une belle somme pour l’époque) par la Twentieth Century Fox pour réaliser ce patchwork gigantesque alors qu’il n’avait jamais fait ses preuves dans le film d’action ou la comédie grand public. Parodie revendiquée d’Indiana Jones, Jack Burton, un routier obsédé par son camion (le bien nommé Pork Chop Express), en est une version redneck admirablement campée par un Kurt Russel qui n’a pas peur du ridicule ni de se faire voler la vedette par des personnages secondaires beaucoup plus compétents que notre pauvre héros.
- Reprise 2018 - (C) Splendor Films
Perdu à la fois dans un serial des années 40 et dans un hommage évident aux productions hongkongaises de l’époque (principalement Zu, les guerriers de la montagne magique de Tsui Hark), Jack Burton doit affronter Lo Pan, un sosie de Fu Manchu. Un tel amalgame de références ne pouvait être scénarisé par nul autre que W.D. Richter, à qui l’on doit également le superbement nommé Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème dimension, œuvre miroir du film qui nous intéresse mais néanmoins ratée, certainement à cause de l’absence de Carpenter. Malheureusement, si le réalisateur d’Assaut fera des concessions pour plaire au grand public, sa malchance légendaire le poursuivra et Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin sera un nouvel échec au box-office qui s’ajoutera à celui du chef-d’œuvre The Thing et qui le poussera hors des studios et sur la route de l’indépendance avec Prince des ténèbres.
Échec au box-office mais certainement pas artistique car ce Jack Burton est une savoureuse aventure pop où Carpenter déploie tout son talent, rejoint par ses complices habituels. Kurt Russell bien sûr, Victor Wong, Dean Cundey à la photographie, ainsi que Nick Castle et Tommy Lee Wallace pour participer avec le réalisateur / compositeur à une bande originale certes merveilleusement ringarde mais qui colle parfaitement au long-métrage. Filmé comme toujours chez Carpenter dans un format 2.35 impeccable, Les aventures de Jack Burton est un spectacle élégant et soigné, qui multiplie les décors amples et les costumes voluptueux. Seule faiblesse : des séquences d’action un peu molles. Carpenter, habitué à prendre son temps pour instaurer le suspense, n’a pas l’énergie d’un Tsui Hark et cela se ressent. Néanmoins, le ton parodique des batailles dans lesquelles notre héros est toujours assommé ou dépassé par les événements, pardonne un peu le tout.
Rempli de dizaines de répliques cultes ("I was born Ready !"), le film était également en avance sur son temps puisqu’il s’amusait déjà avec cynisme des figures bodybuildées qui faisaient la loi au cinéma dans les années 80. Il s’agissait également de l’un des premiers films hollywoodiens à emprunter au cinéma hongkongais, plus d’une décennie avant l’explosion de Matrix. Bref, s’il s’agit d’une anomalie dans la filmographie de John Carpenter, Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin n’en reste pas moins une réussite, certes relativement mineure. Un film d’aventure coincé entre deux mondes mais transcendé par l’assurance de son réalisateur et une ironie certaine. Un petit rayon de soleil dans l’œuvre noire de maître Carpenter.
Illustration : Drew Struzan
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.