Les apprentis - Pierre Salvadori - critique

Critique : Faire du drôle avec du triste, lorgner sur la comédie à l’italienne à travers deux vrais losers : le deuxième film de Pierre Salvadori, après Cible émouvante, lui permet de retrouver Guillaume Depardieu, tout jeune acteur promis à une belle carrière, qui trouve ici son premier rôle consistant. Celui-ci lui permettra de remporter le César du meilleur espoir masculin en 1996. Les scènes cocasses, parfois empreintes de surréalisme, s’enchaînent, au gré des combines imaginées par les deux personnages principaux qui vivotent avec peu d’argent et boivent pour oublier qu’ils ne s’en sortent pas. Parmi ces séquences comiques, on retient un entretien avec une vieille femme propriétaire dans l’obscurité, une visite d’appartement, avec présence impromptue des propriétaires saisis au saut du lit, et qui se termine par le ménage qu’effectue l’agente immobilière, un billet apparu par miracle dans la rue, l’expertise photographique d’un serveur de café, la confession romantique de Fred pendant un cambriolage, un plan sexe raté sous le regard d’un concubin voyeur et irascible.
Ce buddy movie fonctionne sur l’attelage d’un trentenaire pragmatique, écrivain raté réduit à la fonction de verbicruciste et d’un jeune rêveur, à l’occasion photographe, amoureux d’une jeune femme faussement évanescente, qu’il fixe sur la pellicule.
Cluzet et Depardieu sont très sympathiques, leur duo fonctionne sur une vraie complicité, mais ce divertissement manque singulièrement de rythme, est même considérablement ralenti par certains bavardages d’Antoine sur la vie, qui n’apportent rien au film. L’écueil du sentimentalisme devient un défaut majeur, à mesure que l’histoire chemine vers une conclusion attendue.