Le 24 septembre 2021
Thriller fantastique et expérimental, le premier long métrage de Baptiste Rouveure évite la lourdeur du récit allégorique pour véritablement intriguer son spectateur.
- Réalisateur : Baptiste Rouveure
- Acteurs : Thierry Marcos, Pauline Guilpain, Aurélien Chilarski
- Genre : Fantastique, Thriller, Film animalier
- Nationalité : Français
- Distributeur : Anonymous Animals Films
- Durée : 1h04min
- Date de sortie : 29 septembre 2021
- Festival : Festival de Gérardmer 2021
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Résumé : Le rapport de force entre l’homme et l’animal a changé. Dans une campagne reculée, toute rencontre avec le dominant peut devenir hostile.
- Copyright Anonymous Animals
Critique : Le premier long métrage de Baptiste Rouveure est à la fois une œuvre sans parole et une immersion sensorielle sur fond de cauchemar post-apocalyptique. Les anatomies, soumises à des situations extrêmes, manifestent les signes de peurs ancestrales - au carrefour de l’enfance et des contes -qu’encadrent d’immenses forêts glacées saisies par de lents travellings. Dans un monde à front renversé, où l’Homme devient la proie traquée par la bête, le cinéaste ne déploie pas le dispositif horrifique qu’augure sa scène initiale (un être attaché à un arbre comme un chien qu’on abandonne), mais navigue sans cesse en eaux troubles, hybridant les corps des chasseurs (silhouettes humaines sur têtes d’animaux), déjouant les codes du genre fantastique, même lorsque le long métrage semble prendre la tangente vers une course-poursuite prévisible dans un hangar à bestiaux. Cette brève poussée d’adrénaline engendre un segment qui rappelle le méconnu film d’épouvante Ils, avant que la difficulté ne se résorbe en fausse promesse apaisante.
- Copyright Anonymous Animals
La protagoniste neutralisée, le récit privé de mots retrouve son ambiance sonore initiale : gestes, mouvements, respirations bruyantes, grognements d’animaux, amplifiés par un remarquable travail de post-production, adviennent dans un univers rural mortifère, nappé de brume. L’anonymat des protagonistes justifie le titre et semble le corollaire d’un propos qui se veut universel, tout en refusant la lourdeur démonstrative du long métrage à thèse. De sorte que Les Animaux anonymes, dans sa richesse polysémique, convoque à la fois l’enfer d’un univers concentrationnaire, la défense de la cause animale et une forme de collapsologie à travers des moments de stase où la terre désolée porte la trace de ce qui l’a abîmée. Mais comme il lorgne aussi sur le thriller, le film interrompt la possibilité d’une perplexité rêveuse par des cuts bien sentis, quoique répétitifs. Étrange et mystérieux, Les Animaux anonymes nous laisse parfois à distance de sa froide iconographie, tout en se posant là comme un objet cinématographique indéniable.
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