Le 21 octobre 2023
Avec ce qu’il faut de pudeur, Les âmes perdues glace le sang autant qu’il éveille les consciences.
- Réalisateurs : Stéphane Malterre - Garance Le Caisne
- Genre : Documentaire, Politique
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Dulac Distribution
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 3 mai 2023
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Résumé : Alors que le Printemps arabe secoue l’ordre établi dans le monde arabe, en Syrie, le gouvernement de Bachar Al-Assad réprime les manifestations très durement. Mais l’affaire prend une autre tournure en 2014, quand un photographe de la police, nom de code Cesar, publie des dizaines de milliers de photos, preuves de crimes de guerre du régime. Dans les années qui suivent, les familles de victimes et les victimes elles-mêmes tentent, par tous les moyens de faire éclater la vérité.
Critique : Les âmes perdues documente des crimes dont les mots peinent à transcrire la teneur, et s’avère être un habile équilibre entre hommage aux victimes et plongée dans les affres d’une impossible justice. Le sujet, passionnant, écrasant, est abordé avec solennité, et la minutie du travail documentaire de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne saute aux yeux après le visionnage, quand on réalise la simplicité avec laquelle ils mettent en scène ce cas dantesque, hors norme par la nature des crimes commis et l’impact international de ces derniers. Le plus dur dans un cas aussi étouffant demeure de faire simple. Là où le film est fort, c’est dans sa manière de toujours anticiper les questions que le spectateur se pose logiquement. Par exemple, pourquoi, mais pourquoi le régime syrien documente-il lui-même les crimes qu’il commet ?
Car la fluidité avec laquelle le spectateur suit le récit est maîtresse dans sa compréhension des enjeux, autorisée par un rythme juste, qui a la décence de ne jamais forcer l’aspect thriller que revêt l’affaire : les événements se suffisent à eux-mêmes. Pourtant, ils n’oublient jamais de faire du cinéma, en dévoilant le rapport intime que les victimes, directes et indirectes, entretiennent avec l’affaire. En évitant tout sensationnalisme, en sortant du piège du film dossier exhaustif et trop complexe, le duo de réalisateurs nous emporte dans une histoire à hauteur d’homme. Ce qui rend le visionnage du film parfois difficile à soutenir.
- Copyright Stéphane Malterre
Mais il faut exercer un devoir de mémoire et de vérité envers les victimes du régime syrien, qui interviennent à travers des témoignages glaçants et des coulisses judiciaires saisissantes. Le métrage rend très bien l’impression des parties prenantes de faire face à une immense machine insondable qui se met en travers de leur quête de vérité. Il nous conduit au plus près des victimes et de leurs proches, et expose avec retenue leurs innommables épreuves.
Certes, le contexte politique syrien aurait pu être développé davantage, car on prend rarement conscience de l’éparpillement politique et du découpage du territoire, ce qui aurait pu être utile pour comprendre un peu mieux le cadre dans lequel les crimes sont commis. Mais en plus de décrire avec précision le terrible parcours des victimes, le film détaille le travail inconfortable des avocates, notamment en France et en Espagne, pour les accompagner. Si souvent, l’impuissance guette. Leur détermination confère au documentaire une forme d’énergie impromptue, qui nous empêche de sombrer tout à fait moralement.
Les âmes perdues ne peut que passionner, et se révèle à la hauteur d’un cas auquel il paraissait si difficile de s’atteler.
– Sortie DVD : 3 octobre 2023
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