Le 18 octobre 2023
Un premier long métrage qui revisite avec audace le film de vampires, et tente une greffe entre cinéma d’auteur et film de genre.
- Réalisateur : Adrien Beau
- Acteurs : Grégoire Colin, Kacey Mottet-Klein, Erwan Ribard, Ariane Labed, Vassili Schneider, Claire Duburcq
- Genre : Fantastique, Film de vampire
- Nationalité : Français
- Distributeur : The Jokers
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 17 mai 2024 22:40
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 25 octobre 2023
- Festival : Festival de Venise 2023
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Résumé : « Mes enfants, » avait dit le vieux Gorcha avant de partir, « attendez-moi six jours. Si au terme de ces six jours je ne suis pas revenu, dites une prière à ma mémoire car je serai tué au combat... Mais si jamais, ce dont Dieu vous garde, je revenais après six jours révolus, je vous ordonne de ne point me laisser entrer, quoi que je puisse dire ou faire, car je ne serais plus qu’un maudit Vourdalak ». C’est dans une famille en proie à l’angoisse, au terme du sixième jour, que trouve refuge le marquis Jacques Antoine Saturnin d’Urfé, noble émissaire du roi de France…
Critique : Sculpteur, peintre et designer, Adrien Beau avait réalisé deux courts métrages et signé une mise en scène de théâtre, Andromaque de Racine, au Théâtre Olympe de Gouges à Montauban (2007). Pour son premier long, présenté à la Semaine de la critique du Festival de Venise, il a choisi d’adapter une nouvelle d’Alexei Tolstoï (cousin de son cousin) : écrite en langue française, Le Vourdalak peut-être considérée comme la première œuvre littéraire axée sur un vampire, un demi-siècle avant le Dracula de Bram Stoker. Coécrit avec Hadrien Bouvier, le scénario est fidèle à la trame narrative de l’ouvrage, en apportant des modifications emblématiques sur la caractérisation des personnages. Dans une région reculée d’Europe, un émissaire du roi de France, le marquis d’Urfey (Kacey Mottet-Klein), s’égare en pleine forêt. Il demande l’hospitalité à une famille étrange, vivant au cœur des bois. Le frère aîné (Grégoire Colin) lui apprend que leur père est subitement parti combattre les Turcs. D’Urfey s’éprend très vite de la sœur (Ariane Labed), qui le conduit dans un jeu périlleux… Les auteurs ont souhaité inverser les traits de personnalités des hommes et des femmes de l’histoire initiale. Présenté comme héroïque dans la nouvelle, d’Urfey apparaît ici comme peureux et plutôt ridicule, quand les femmes, faibles et naïves créatures, deviennent l’incarnation de l’intelligence et de la bravoure. Et le vieux vampire terrorisant sa famille symbolise l’incarnation du patriarcat oppressant, quand le fils cadet (Vassili Schneider, frère de ses frères) s’avère être précurseur du look queer. Surfant sur l’air du temps, Adrien Beaud et Hadrien Bouvier empruntent avec cette démarche un sentier convenu. Plus intéressante nous semble être l’atmosphère décalée du film, baignant entre cinéma fantastique de genre et vision minimaliste d’auteur, à l’instar de Grave ou du Règne animal (toute proportion gardée). Adrien Beau témoigne en outre d’un sens plastique élégant et sans fioritures, le manque de moyens financiers du film étant un atout pour une œuvre se voulant avant tout artisanale et expérimentale. Le réalisateur déclare ainsi dans le dossier de presse : « Paradoxalement, tourner en 16mm et construire moi-même la créature, était la solution la plus évidente. Toutes ces techniques peuvent paraître complexes, contraignantes, mais en ce qui me concerne, créer et travailler via un écran, concevoir par le biais de codes et de logiciels m’est très difficile. Je crois que ce n’est pas mon métier. La pellicule, la conception et la manipulation de marionnettes, la réalisation de story-boards ou de dessins préparatoires sont autant de pratiques mécaniques, artisanales, organiques qui ont toujours leur place dans le cinéma d’aujourd’hui et de demain ». Quelque part entre le Manoel de Oliveira de L’étrange Angelica et les univers poétiques et horrifiques de Jean Rollin ou Walerian Borowczyk, Le Vourdalak ne démérite pas et l’on attend avec intérêt le second long métrage de son réalisateur.
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