Le 24 août 2019


- Scénariste : Jean-Pierre Gibrat>
- Dessinateur : Gibrat, Jean-Pierre
- Genre : Historique
- Editeur : Dupuis
- Date de sortie : 4 septembre 2002
Jean-Pierre Gibrat fait planer Le vol du corbeau dans la suite du Sursis et sur un Paris de l’Occupation magnifiquement dessiné.
Plus de deux ans après Le sursis, Jean-Pierre Gibrat donne une nouvelle dimension à ce double album qui avait déjà connu un immense succès critique et public. Suite des aventures de Cécile sans vraiment en être une (les deux histoires sont indépendantes, mais se complètent), Le vol du corbeau change de cadre - Paris remplace l’Aveyron - mais pas d’époque : l’Occupation.
Jeanne, résistante comme sa sœur Cécile et aussi jolie qu’elle, a été dénoncée par une lettre anonyme. Arrêtée et craignant d’être livrée à la Gestapo, elle partage sa cellule avec François, un cambrioleur qui profite de la guerre pour mener ses affaires. Une alerte leur permet de s’enfuir par les toits. Ils se réfugient sur la péniche de René, un ami de François, et se mettent à la recherche de Cécile, menacée elle aussi d’arrestation. Fin du premier tome. Les pistes ouvertes sont suffisamment intrigantes pour que l’on se réjouisse du second. Même si le scénario pèche par sa longueur.
Gibrat, qui a longtemps illustré les histoires écrites par d’autres, est avant tout un dessinateur. Ici, son récit tarde à démarrer et Jeanne et Philippe à descendre des toits, où l’auteur insiste un peu trop sur leurs différences (l’une se bat contre la guerre, l’autre en profite). Avec leur retour sur terre, l’histoire s’accélère enfin et Gibrat propose une vision intéressante de la vie sous l’Occupation. "Selon certaines sources, on recensait en 1943 environ 20 000 personnes ayant pris le maquis, c’est-à-dire environ une personne sur mille qui avait pris la décision de résister contre l’occupant, explique-t-il [1]. Cela veut un peu dire comment certains pouvaient réagir et penser. Leur quotidien relevait plus des soucis de se nourrir, de se chauffer, etc."
Malgré ces réserves, Le vol du corbeau plane très haut grâce au dessin de Gibrat. Qui, des toits de la ville au canal Saint-Martin en passant par les rues, les cours d’immeubles et les intérieurs, reconstitue le Paris des années 40 avec une précision et une poésie remarquables. Ses aquarelles et son travail sur la lumière - ciels s’embrasant, lune dansante sur les canaux - font des merveilles. Quant à l’idée de coiffer Jeanne d’un béret rouge et d’exclure cette couleur du reste de l’album, elle donne au Vol du corbeau toute son originalité.
55 pages