Le Temps des Secrets - la chronique BD

Les auteurs, dans un cahier situé en fin de volume, expliquent leur démarche d’adaptation, et les raisons justifiant les changements apportés. Et il nous semble que ce sont de bonnes raisons, respecter les volontés de Pagnol sur ces deux derniers tomes, qu’il avait envie de remanier une dernière fois.
C’est donc une adaptation plus fidèle à l’auteur que le roman initial, ce qui ne s’avère pas courant, reconnaissons-le. Si vous avez lu le roman le temps des secrets, vous serez enthousiaste de découvrir en BD tout ce beau petit monde, les potes de classe comme Lagneau ou les profs comme Socrate.
Car ce temps des secrets va voir le jeune Marcel évoluer entre les étés au grand air et les premières années de collège. Nouvel univers que Pagnol croque avec talent dans son livre, et que cette BD tend à nous restituer. Mais, à notre avis, il lui manque un peu de cette verve littéraire que Pagnol utilise pour les descriptions et pour donner plus de vie à ces anecdotes.

Une utilisation de la langue et de ces tournures qu’il est difficile de rendre graphiquement. Les événements s’enchaînent mais manquent de piquant, de ce piquant purement littéraire, écrit, que Pagnol savait utiliser pour les faire vibrer.
Mais il faut reconnaître que le défi de cette entreprise est incroyable : comment rendre cette magie pagnolesque, qui vibre dans les mots, au travers des images ? Pagnol, dramaturge, sait user de la langue pour faire monter la pression, instiller le doute, faire jongler le temps, autant d’éléments que le format de la BD ne permet pas facilement. Là où Pagnol prend son temps, la BD condense en une page une montée dramatique.
Mais rendre cette magie pagnolesque, notons que le magnifique dessin de Morgann Tranco s’y emploie le mieux possible. Et la sincérité de Stoffel et Scotto ressort à chaque page et ne fait aucun doute.

Nous espérons que cette BD, et même cette collection sera menée à terme et qu’elle permettra à de nombreux lecteurs de BD de redécouvrir Pagnol, et leur donnera surtout envie d’aller lire les livres, aux tournures tellement spécifiques de la gouaille de l’auteur.