L’auto-analyse de Daniel Duval
Le 13 décembre 2020
Une belle histoire d’enfance tourmentée, mais un film tiède.
- Réalisateur : Daniel Duval
- Acteurs : Anne Brochet, Denis Podalydès, Jean-Paul Rouve, Annie Girardot, Raphaël Katz
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : TFM Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 13 décembre 2020 13:35
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 8 mars 2006
Résumé : Pippo, 9 ans, est enlevé à ses parentsà la suite d’un drame familial. Pupille de l’Etat, il est bientôt adopté par Cécile et Gustave, des agriculteurs. {Le temps des portes-plumes} relate ses premiers mois à la campagne dans sa nouvelle famille.
Critique : Le temps des portes-plumes, le temps de l’introspection, le temps de régler ses comptes avec un passé douloureux. Celui d’un enfant privé par la pauvreté, et surtout l’alcool, de sa vraie famille. Un film pour guérir ? Acteur, réalisateur et scénariste, Daniel Duval a, en tout cas, choisi le cinéma comme moyen thérapeutique qu’il s’auto-administre (il tient dans son film un petit rôle de psychologue). Résultat : une fiction autobiographique d’environ une heure trente qui en paraît plus, en dépit d’une jolie distribution dans laquelle on est heureux de retrouver la grande Annie Girardot. Cette belle brochette d’acteurs n’est malheureusement pas toujours à la hauteur de la tâche : celle de transmettre l’émotion au spectateur. L’émotion est celle que devrait susciter l’expérience d’un petit garçon traumatisé, Pippo, incarné par l’adorable Raphaël Katz, qui doit, avec ses souvenirs et ses peurs, réapprendre à vivre auprès d’étrangers : ses nouveaux parents.
Cécile (Anne Brochet) et Gustave (Jean-Paul Rouve) sont des gens pudiques, qui tant bien que mal, essaient de manifester leur amour à cet enfant perturbé, turbulent et frondeur. C’est peut-être Cécile, dont le stoïcisme est très bien rendu par Anne Brochet, qui éprouve le plus de difficultés dans cet exercice qui, pour elle aussi, est une nouveauté. Reste alors Gustave qui partage une complicité immédiate avec Pippo. Le petit garçon trouve aussi l’affection auprès de marginaux comme lui, à l’instar d’Alphonsine "la sorcière" (Annie Girardot), la grand-mère qu’il s’est choisie.
Daniel Duval raconte son histoire, caméra au poing, avec des plans serrés sur le visage de ses acteurs. Au langage des mots (les dialogues sont très succincts), il préfère le langage des corps. Aussi ce sont les attitudes et expressions des personnages qui sont mises en exergue. La caméra s’attarde également sur les lieux : le petit appartement des parents, la maison de Cécile et Gustave ou encore cette campagne dorée qui s’étend à perte de vue.
Bien qu’original, ce parti pris, qui témoigne de la prégnance de ces détails dans les souvenirs de Duval, nuit pourtant quelque peu au dynamisme de la fiction. Une certaine torpeur (à raison peut-être, nous sommes durant l’été 1954) s’installe au risque d’endormir le spectateur. Les péripéties scolaires de Pippo s’attirant l’ire d’un instituteur, que campe à la perfection Denis Podalydès, viennent heureusement relancer l’intérêt d’une œuvre dont les enjeux sont ailleurs. La dernière production de Duval est une des clés pour comprendre sa longue descente aux enfers après l’immense succès de La dérobade (1979) dont il était l’acteur principal et le réalisateur. Après quinze ans d’absence en tant que réalisateur, il revient derrière la caméra sur son enfance difficile afin de rendre hommage à ceux qu’il considère comme ses vrais parents. Le temps des portes-plumes est un film habité par la reconnaissance et l’affection, qui sonne comme une rédemption. Mais cela ne suffit pas pour en faire un moment inoubliable de cinéma.
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esdez 18 mars 2006
Le temps des porte-plumes - la critique
Monsieur DUVAL a souffert , c’est certain, mais il se demande encore pourquoi car visiblement il n’a pas trouvé solution à l’énigme de son existence.Sa tentative de naissance est louable, mais il s’appuie sur un certain nombre d’anecdotes disparates très certainement non datées et il tente d’en faire un tissage cohérent. Malheureusement le tissage ressemble davantage au "pull tricoté par Anémone" pour Lhermite qu’à une pièce de chez Manoukian et le résultat est une suite décousue de séquences sans lien, sans âme et surtout sans "histoire". D’après ses dires, Duval est satisfait de sa thérapie, tant mieux pour lui, mais pour nous spectateurs c’est tout juste visible et certainement sans aucun enseignement donc ressenti comme une ... purge ... ancienne.... du genre huile de foie de morue !
Tentative louable, discrète, mais ratée sauf pour Rouve qui tire à peu près son épingle du jeu.
zoe 21 mars 2006
Le temps des porte-plumes - la critique
Le temps des porte-plumes de Michel Duval avec Jean Paul Rouve, Anne Brochet, Annie Girardot,
Une reconstitution, historique à caractère autobiographique.
Seulement voilà, tout le monde ne peut pas réussir son autobiographie. Si le décor sonne juste - les bâtiments de ferme, la cour d’école, les repères historiques nous plongent dans la perplexité.
Au début on se croirait dans une adaptation de Maupassant pour la télévision, on pense ensuite à Marcel Pagnol, et on se retrouve sur les bancs de l’ecole avec Cavanna . J’ai vu des reconstitutions de salle de classe dans les villages.
"C’est bien ça !" comme disent les villageois quand un peintre fait un tableau avec leur champ et leurs vaches
ceci dit sans offenser personne !
La direction d’acteurs laisse à désirer. On sent bien que les protagonistes sont costumés et raides dans leurs attitudes. Ils n’ont pas eu le temps de froisser qui, leurs blouses grises, qui, leurs robes d’époque.
Quand le metteur en scène leur a dit :
– là tu te promènes les mains dans les poches, tu es à la fois buté et désœuvré.
– Oui, qu’ils ont dit ! on te fait ça, pas de pb !
L’enfant sort des dessins de Poulbot, et la pauvre Annie Girardot entre de son vivant au musée Grévin.
On trouve les scènes attendues : la moisson, la course à cheval, la rentrée des classes, la promenade dans le ruisseau, l’errance dans les blés.
Jean Paul Rouvre est quand même bon dans son rôle, faut le dire ! Et ce film passera très bien... à la télé :-)