Le 12 janvier 2019
Malgré quelques effets faciles, ce film ambitieux a le mérite de faire exploser les cadres du genre.
- Réalisateur : Richard Stanley
- Acteurs : Chelsea Field, Zakes Mokae, Robert John Burke
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Britannique, Sud-africain
- Distributeur : Sideral
- Durée : 1h43mn
- Box-office : 1 047 entrées France (une salle, en triple programme)
- Titre original : Dust Devil
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 17 mars 1993
- Festival : Festival d’Avoriaz 1993
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Résumé : Un mystérieux assassin agit dans un région isolée et semble tuer sans raison. Pour les habitants de la région, le tueur serait un démon qui s’empare des âmes de ses victimes. Alors qu’elle traverse la région en voiture, Wendy prend un inconnu en stop, il s’agit du redoutable assassin...
Notre avis : Deuxième film de Richard Stanley après le remarqué Hardware, Le souffle du démon n’est pas la simple traque d’un serial killer, même s’il est aussi cela ; pas non plus seulement un film fantastique, mais une œuvre étrange, ambitieuse, qui emprunte à nombre de genres, dont le western, et se sert de prodigieux décors désertiques pour suivre à la trace un mystérieux auto-stoppeur criminel. Peu à peu sa véritable nature est révélée, dans des scènes de toute beauté, comme celle où il est vu depuis l’« autre côté du miroir », et le réalisme, déjà contesté, perd ses droits. C’est autant à une fable qu’à un récit métaphysique, lent et hypnotique, narré par une voix off qui n’évite pas l’emphase, que nous convie Stanley. Certes, la prétention peut désarçonner ou irriter, surtout que les interprètes ne sont pas toujours à la hauteur et que certaines naïvetés ou des passages de mauvais goût entachent l’ensemble.
Affiche italienne du Souffle du démon
Mais le cinéaste vise haut : plans aériens, amples travellings, scènes oniriques et trucages primitifs parviennent à créer un vrai malaise que renforce un goût prononcé pour la surprise ; le film est constamment sur la ligne raide mais s’éloigne des stéréotypes pour se forger une identité bien réelle. Il crée ainsi, par l’interruption fréquente du récit, un monde décalé, fait de symboles abscons et de rites incompréhensibles. Le souffle du démon mise davantage sur une hypnose esthétique que sur la réflexion : la partie explicative est la plus faible, alors que le montage de gros plans intrigants entrecoupant une narration chaotique peut séduire. Il faut reconnaître que les décors tels que la ville ensablée ou les longues routes découpant le désert contribuent à l’étrangeté et font passer des défauts évidents ; la fin est particulièrement maladroite, tournant au grand-guignol, avec des effets faciles indignes du début.
On préférera garder en tête les accès de sauvagerie ou les tentatives de donner à cette histoire une dimension profonde : tant que l’ambiguïté règne, le film a du souffle et tient son pari. D’autant qu’il décrit un monde dont la fin est annoncée par la sécheresse et les prédictions d’un sorcier, ce qui, même si cette piste n’est pas exploitée, colore le métrage d’un pessimisme plus large ; et, comme en passant, il dresse un tableau sombre d’une Afrique du Sud encore empêtrée dans un racisme prégnant. Fondamentalement inégal, Le souffle du démon détonne suffisamment pour qu’on le suive sans ennui à défaut d’y adhérer dans sa totalité.
Notes : Le film est sorti en exclusivité au cinéma le Brady, à Paris, lors d’une triple programmation. Il est donc impossible de connaître ses chiffres exacts. Le cinéma n’ayant pas dépassé les 1050 spectateurs cette semaine là. Sa distribution quasi inexistante reflète la difficulté de distribuer du cinéma d’épouvante dans les années 90. On notera par ailleurs que le film fut sélectionné au dernier festival d’Avoriaz, qui, pour sa 21e édition, allait couronner l’ultra gore Brain Dead de Peter Jackson.
© 1992 Miramax. Tous droits réservés.
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