Le 5 février 2015
Signé Georges Lautner, Le septième juré n’est pas aussi connu que Les tontons flingueurs ou Le professionnel. Pourtant, il s’agit d’un drame fort et acerbe qui mérite d’être redécouvert.
- Réalisateur : Georges Lautner
- Acteurs : Francis Blanche, Bernard Blier, Danièle Delorme, Maurice Biraud, Jacques Riberolles, Francoise Giret
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 5 septembre 2016 20:55
- Chaîne : Arte
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Sortie blu ray : le 4 février 2015
Signé Georges Lautner, Le septième juré n’est pas aussi connu que Les tontons flingueurs ou Le professionnel. Pourtant, ce drame fort et acerbe envers une bourgeoisie provinciale qu’aimait décrire Chabrol mérite d’être redécouvert.
L’argument : Dans un élan de folie inexpliqué, Duval, un homme sans histoire, étrangle une jeune femme. La Justice accuse un innocent de ce meurtre et le véritable assassin se retrouve juré au procès de son propre crime.
Notre avis : Georges Lautner est bien connu pour ses comédies, et notamment Les tontons flingueurs. Dans le genre, il a aussi réalisé une trilogie d’espionnage avec comme héros “le Monocle”.
Entre les deux premiers épisodes du Monocle, à savoir Le monocle noir (1961) et L’œil du monocle (1962), il a mis en scène un pur drame, Le septième juré (1962).
C’est un film quelque peu atypique dans la carrière du cinéaste. Il faut dire qu’il n’en est pas l’instigateur. Bernard Blier, ayant beaucoup apprécié le roman de François Didelot, avait convaincu Lautner de l’adapter au cinéma.
Tout naturellement, Bernard Blier interprète le rôle principal et néanmoins difficile de ce film. Car Le septième juré est une histoire tragique. Elle débute d’ailleurs par une séquence qui marque durablement les esprits : un homme, manifestement un peu éméché, traverse une petite forêt avant d’apercevoir sur une plage une belle jeune femme, seins nus, en train de bronzer. Pour ce quinquagénaire, le désir le gagne. La femme résistant à ses avances, il la tue.
Première scène choc qui laisse le spectateur dans les cordes. Mais pourtant, le pire (ou plutôt le meilleur d’un point de vue cinématographique) est à venir.
L’auteur de ce crime odieux, Grégoire Duval, ne comprend pas ce qui vient de se passer. Lui, le pharmacien de la commune, le bon mari et père de famille, se persuade qu’il ne peut pas avoir gâché sa vie par ce geste odieux : Une minute d’égarement ne peut pas effacer toute une vie respectable. Georges Lautner prend l’astucieux parti d’ajouter une voix off qui nous permet de ressentir les impressions de Grégoire Duval. On est surpris, si ce n’est plus, par les impressions de cet homme cherchant à se déculpabiliser : Je n’ai rien fait. J’avais trop mangé, trop bu. ; Je suis presque innocent. Grégoire Duval va jusqu’à déclarer que c’était un mouvement de légitime défense. La morale est loin d’être sauve...
D’autant que pendant ce temps plusieurs “preuves” accablent Sylvain Sautral, le petit ami de la jeune femme assassinée. L’ironie du sort, et qui est l’un des rouages essentiels du film, veut que Grégoire Duval soit l’un des jurés aux assises. Toute la question est alors de savoir comment il va se comporter vis-à-vis de Sautral ? Va-t-il l’enfoncer pour se dégager de toute responsabilité et assurer son avenir ? Ou au contraire va-t-il le défendre, au risque que l’enquête finisse par remonter vers lui ?
Les dialogues de Pierre Laroche sont d’une grande justesse, et le procès se révèle passionnant. Les joutes verbales valent à elles seules le visionnage de ce film. Le combat entre le procureur général, interprété par Francis Blanche, particulièrement espiègle, et Grégoire Duval, sûr de son fait quant à l’innocence de Sautral (et pour cause !), vaut son pesant d’or.
Le septième juré est donc une grande réussite tant par son aspect dramatique que par son procès réaliste qui marque le film.
Il comporte également une autre qualité notable : sa critique d’une bourgeoisie provinciale toute puissante. Car, quoique fasse Grégoire Duval, il s’en sort toujours. Qu’il aille se confesser auprès du curé, qu’il aille faire ses aveux auprès de la police (le commissaire n’y croit pas et lui répond cet ironique commencez par étrangler vos alibis), qu’il déclare devant tous qu’il est le coupable, Duval échappe toujours à la prison. Or, à cette époque, la peine de mort était alors en vigueur.
Bien que se déroulant dans une petite ville de province, Pontarlier, Le septième juré dresse en fin de compte le portrait très juste – et toujours actuel – d’une société où les nantis ne sont pas menacés et où les pauvres sont des victimes toutes désignées.
Comme le dit Sautral devant une assemblée qui continue de le condamner, même quand il a été disculpé par la justice, il y a un assassin parmi l’honorable société. La question des apparences est fondamentale et cela ferait tâche d’avoir comme coupable un pharmacien en apparence sans histoires.
Il est clair que Le septième juré est un grand drame qui vaut tant par son scénario astucieux que par son excellente distribution, ses dialogues acerbes et les questions de morale qu’il suscite. Cela n’est pas un hasard si Georges Lautner n’a eu de cesse de clamer que Le septième juré était son film préféré parmi sa (longue) filmographie.
Un film brillamment restauré en blu ray, disposant de quelques bonus fort intéressants.
Les suppléments :
Le principal bonus est un documentaire de vingt et une minutes intitulé Un film qui me ressemble. Plusieurs intervenants, que ce soient des journalistes ou Bertrand Blier, évoquent le tournage du film et de nombreuses anecdotes autour de celui-ci. On apprend ainsi que le projet a été initié par Bernard Blier. Plusieurs éléments nous sont également donnés sur le choix des acteurs.
Un autre complément tout à fait pertinent est un montage alternatif de la scène du meurtre. Cette dernière était destinée aux ventes à l’exportation car dans les années 60 – 70, les scènes de nudité pouvaient ne pas passer à la censure.
Le dernier bonus est un film annonce de 3 minutes qui résume assez bien le ton du Septième juré.
L’image :
L’image a été restaurée par l’éditeur à l’occasion de la mise en route du blu-ray de ce classique du patrimoine français. Elle est de très bonne facture, et permet d’apprécier la belle photographie en noir et blanc. La seule réserve à apporter concerne quelques scènes où le grain est un peu trop présent.
Le son :
Son en mono DTS-HD master audio. Là encore, on constate aisément qu’une restauration a eu lieu avec renforçant un son, plus pur et mieux installé sur l’enceinte frontale.
Galerie Photos
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