Le secret de Zara - La chronique BD

Cette plongée dans le monde de l’art se fait d’une très belle manière, enfantine et profane, loin du claquant du contemporain ou de l’étouffant classique, seulement à travers l’inspiration d’une enfant. Ce bel album n’est pas là pour juger, pour apprendre, pour initier, mais bien pour témoigner de l’essence de l’art, à savoir sa capacité à faire sortir le meilleur de l’homme, ou encore l’occurrence ici le meilleur d’une petite fille. Ainsi, Zara ose plus qu’elle ne propose, son talent n’est pas perceptible, ou en tout cas il est trop brut, comme celui de n’importe quel enfant, mais la différence provient de sa volonté d’aller au-delà des limites de ce qui est généralement imposé. Ce franchissement est le cœur de l’intrigue, qui en soi n’a rien de dramatique (ce que l’on soupçonne avec une petite frayeur) ou d’épique (la conclusion était finalement prévisible, mais sans être abrupte). Le psychologique n’entre pas en compte, et c’est tant mieux, seule la visée plus ludique qu’artistique se révèle au centre de cet album.

© Delcourt

Le dessin est évidemment un éloge de la peinture, de sa fluidité et de sa couleur, qui lui donnent presque une sensation de vivant. On s’étonne d’ailleurs qu’elle ne finisse pas par parler à Zara, tant les pots de bleu Klein, de rouge carmin ou de jaune poussin occupent de l’espace dans les pages. L’ambiance bohème de la maison colle bien avec l’héroïne, débraillée et dégourdie, qui sait ce qu’elle veut et possède un regard profond, comme ses intentions. Les pages colorées et peintes à la main défilent vite, et l’on aurait aimé en avoir plus, à la manière de ceux qui dans un vernissage s’extasient et attendent avec impatience la prochaine session de l’artiste.

© Delcourt

Jolie et courte histoire, avec ses tâches et ses gribouillis enchantés, Le Secret de Zara convient aux enfants comme aux parents, sonnant comme un encouragement pour les deux camps à aller au bout de ses envies et de ses passions.