Toutes ses femmes
Le 2 décembre 2010
Cette luxueuse adaptation d’un classique de la littérature est un superbe livre d’images d’où se détachent de magnifiques personnages féminins.
- Réalisateur : Kōzaburō Yoshimura
- Acteurs : Chieko Higashiyama, Machiko Kyō, Kazuo Hasegawa, Michiyo Kogure, Mitsuko Mito, Nobuko Otowa
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Japonais
- Durée : 2h05mn
- Titre original : 源氏物語 - Genji monogatari
- Festival : Festival de Cannes 1952
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– Sortie au Japon : 2 novembre 1951
Cette luxueuse adaptation d’un classique de la littérature est un superbe livre d’images d’où se détachent de magnifiques personnages féminins.
L’argument : L’argument : La concubine en titre de l’Empereur, Kokiden, s’irrite de voir la jeune et jolie Kiritsubo devenir la favorite du souverain. De leur union naît un fils, Genji, qui ne peut prétendre au trône parce qu’enfant naturel. Des années plus tard, Genji est devenu un beau jeune homme convoité par toutes les dames de la cour. Mais le garçon n’a d’yeux que pour la seconde épouse de l’Empereur, Fujitsubo, qu’il courtise ardemment et qui finit par se donner à lui. L’enfant né en secret de cette liaison est considéré comme le fils légitime du souverain. Poursuivant sa quête de la féminité parfaite, Genji enlève la nièce de Fujitsubo. Menacé par les intrigues de la vieille Kokiden, fille du « ministre de droite », il s’exile en province où il manque être victime d’un attentat. Il se réfugie alors chez un vieil ami de sa mère, Nyubo, qui lui propose sa fille Akashi en mariage. L’Empereur et Kokiden étant morts, le premier fils du souverain, donc frère de Genji, monte sur le trône puis abdique. C’est le fils secret de Genji qui lui succède et nomme celui-ci « ministre de gauche » avant d’apprendre qu’il est son fils. Fujitsubo meurt et Genji la pleure. Akashi, qu’il a enlevée, lui révèle que l’enfant qu’elle porte n’est pas de lui mais de son fiancé de toujours : Genji agresse violemment celui-ci mais accepte finalement de rendre Akashi à son légitime conjoint.
Notre avis : Le dit de Genji - Genji monogatari , immense roman en 54 chapitres, est un des grands classiques de la littérature japonaise et mondiale. On l’attribue à Dame Murasaki Shikibu et on considère qu’il fut publié dans sa forme définitive en 1021. C’est Kaneto Shindō qui l’adapta, avec le concours du grand romancier Jun’ichirō Tanizaki, pour cette production de prestige destinée à célébrer le dixième anniversaire de la Daiei.
Kōzaburō Yoshimura (1011 - 2000), à qui en fut confiée la réalisation, avait déjà près de quinze films à son actif. De cette première période de sa carrière on ne connait guère ici que Le courant chaud - Danryu (1939), un beau mélo situé dans le milieu hospitalier, programmé à l’occasion de quelques rétrospectives à Beaubourg ou à la MCJP. Parmi la trentaine de titres que comportera encore sa filmographie jusqu’en 1974, les histoires du cinéma retiennent surtout Osaka Monogatari (1957), le projet que Mizoguchi ne put mener à son terme.
Genji monogatari témoigne du niveau exceptionnel de qualité dont pouvait s’enorgueillir le cinéma japonais en ce début des années 50. Le raffinement extrême du travail sur les décors et les costumes, la beauté à couper le souffle de la photo de Kôhei Sugiyama, la fluidité virtuose des mouvements de grue laissent pantois.
Pourtant il faut bien avouer que si chaque scène considérée pour elle-même captive par l’art de la composition et la splendeur visuelle, la sûreté de la direction d’acteurs et un sens indéniable de la tension dramatique, l’ensemble n’arrive que rarement à dépasser le stade d’un merveilleux et touchant livre d’images.
Le choix de la superstar Kazuo Hasegawa pour interpréter Genji est discutable : il est trop vieux (43 ans) et n’a pas le magnétisme requis pour jouer le rôle du Prince radieux. De plus, il est astreint à un jeu figé et digne qui ne lui permet pas de déployer les dons histrioniques dont il fait montre dans les deux excellentes versions de Yukinojo henge - La vengeance d’un acteur (1935 et 1963) ou dans Tsuruhachi Tsurujiro de Naruse.
Par contre, tous ses partenaires livrent des prestations mémorables, le gratin des acteurs sous contrat à la Daiei ayant été réuni pour l’occasion.
C’est surtout la splendide galerie de personnages féminins qui retient l’attention. La grande Chieko Higashiyama (Voyage à Tokyo) s’amuse à rendre particulièrement odieuse la vieille concubine en titre Kokiken. Michiyo Kogure, en dame Fujitsubo, est d’une beauté renversante, mais Mitsuko Mito (Dame Aoi, l’épouse jalouse), la toute jeune Nobuko Otowa ou la troublante Machiko Kyo (Awaji) imposent une présence non moins rayonnante.
Bien que très en-deçà des chefs d’oeuvre contemporains d’un Mizoguchi, auxquels on ne peut s’empêcher de penser parfois, Genji monogatari reste un spectacle chatoyant et fort agréable à suivre. On y admire un métier solide et un art de la mise en scène un peu trop démonstratif mais sachant habilement jouer de l’espace (avec notamment un usage des paravents tout à fait virtuose). Le film donne envie de mieux connaître l’oeuvre de Kimisaburo Yoshimura, cinéaste au talent un peu bridé ici mais que des films plus modestes révèleraient peut-être mieux.
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