Le 9 février 2022
Entre fiction et faux récit autobiographique, le livre de Coatrieux esquisse le portrait d’une époque en même temps que celui d’un homme, déçu par la politique, bientôt mobilisé par la littérature. Un ouvrage dense et documenté, qui n’évite pourtant pas l’écueil du didactisme.
- Auteur : Jean-Louis Coatrieux
- Collection : Hors Collection
- Editeur : Apogée
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 17 février 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Après Coabana donc, voici les années Orinoco, un exil volontaire au Venezuela, quinze années de folie où le temps de l’Amérique latine se compte en coups d’état. Pourquoi ce départ ? Une promesse de justice et de liberté dans ce pays de dictatures ? La découverte d’un continent qu’il aurait reçu en héritage ? Pour se consacrer à l’œuvre littéraire dont il rêve depuis sa jeunesse ? Une seule certitude au moment d’ouvrir ce livre, c’est au Venezuela en effet que tout commence. Là qu’il écrira ses premiers grands romans : "Le Royaume de ce monde", "Le Partage des eaux", "Chasse à l’homme". Il lui fallait pour les écrire la Cordillère des Andes et les tepuys, ces tables de géants à la naissance du monde, les fleuves, de l’Orénoque à l’Oyapock et toutes les Caraïbes.
Critique : La vie de l’écrivain Alejo Carpentier, une des grandes figures de la littérature latino-américaine contemporaine, a nourri le projet du chercheur et écrivain français Jean-Louis Coatrieux, entre roman et biographie. Le tome 1, consacré aux années cubaines de l’auteur, adoptait son point de vue d’une manière convaincante, échappant à la tentation du récit érudit, pour offrir une histoire aussi haletante qu’une véritable fiction.
"Orinoco" témoigne d’une semblable intention et l’on s’envole, dès les premières lignes, vers Caracas, où Carpentier vient d’accepter de travailler pour l’agence de publicité ARS, fondée par Carlos Eduardo Frias en 1938. Prenant le pouls d’un pays agité par une réelle instabilité politique, qui renversera Isaías Medina Angarita, le narrateur rend perceptible le décalage entre l’implication politique des différents protagonistes croisés et la distance d’un artiste totalement mobilisé par son projet aventureux : la découverte du fleuve Orénoque, qui va lui inspirer l’écriture de son roman Le Partage des eaux.
Le livre relate une bifurcation, celle d’un homme bien plus mobilisé par la littérature que par les affaires professionnelles ("ARS me donnait l’impression d’une maison fade, aseptisée"). Quant à la politique, elle suscite des déceptions qui précipitent la tangente ("quel naïf d’avoir cru ne justifiait pas les moyens en politique !", "la philosophie envoyée aux oubliettes, seul le Parti compte"), d’autant que les trahisons se cumulent comme les coups d’Etat, révélant les féroces appétits de pouvoir davantage que les convictions politiques. Seul un homme trouve grâce aux yeux de l’écrivain, en même temps que le fascine son inexpugnable conviction en un destin politique : Fidel Castro, dont l’accession au pouvoir précipitera le retour de l’enfant prodige au pays. Mais l’essentiel est ailleurs, dans une création à venir, dont Coatrieux saisit la genèse à travers les yeux fascinés de l’écrivain, qui semblent découvrir, en même temps que son héros-témoin, les somptueux paysages d’Amazonie. A nouveau, le récit adopte, avec une aisance certaine, la psychologie et les mots de l’auteur, documente son quotidien et celui de son épouse avec la même facilité que dans le tome 1, même si le texte n’évite pas toujours l’écueil du didactisme, lorsque la parole du protagoniste délaisse la subjectivité pour devenir le simple relais d’un contenu informationnel désincarné. Comme un cours d’histoire et de géographie asséné à des profanes.
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