Magical mystery tour
Le 4 novembre 2020
Christopher Nolan nous enchante à nouveau, en nous offrant ce numéro habile et réjouissant servi par une interprétation brillante.
- Réalisateur : Christopher Nolan
- Acteurs : Christian Bale, Scarlett Johansson, Piper Perabo, Michael Caine, Hugh Jackman, David Bowie, Rebecca Hall, Roger Rees
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h08min
- Date télé : 1er août 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 15 novembre 2006
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Résumé : Londres, au début du XXe siècle. Robert Angier et Alfred Borden sont deux magiciens surdoués, promis dès leur plus jeune âge à un glorieux avenir. Une compétition amicale les oppose d’abord l’un à l’autre, mais l’émulation tourne vite à la jalousie, puis à la haine. Devenus de farouches ennemis, les deux rivaux vont s’efforcer de se détruire l’un l’autre en usant des plus noirs secrets de leur art. Cette obsession aura pour leur entourage des conséquences dramatiques...
Critique : S’il y a bien une expression à la fois galvaudée et vide de sens que l’on plaque en général sur des films tire-larmes ou remplis d’effets spéciaux, c’est assurément "la magie du cinéma". Pourtant cette expression colle parfaitement au nouveau film de Christopher Nolan, cinéaste malin sans être prétentieux, elle en est même sa raison d’être. Le spectacle de magie a bien entendu beaucoup de points communs avec le cinéma mais au-delà de l’illusion et de la simple poudre aux yeux, Nolan nous offre en plus la mécanique et les coulisses sombres de l’art d’Houdini. Le plaisir et son mode d’emploi en somme.
Car Le prestige est un véritable numéro. Suivant scrupuleusement les règles fondamentales d’un tour de magie, règles données dès le début au spectateur, Nolan explore ces recettes, les applique à la structure de son film et nous donne à voir, et à penser, l’art de la manipulation en mouvement. Cette façon de manier le suspense, de faire monter la tension et de distiller parcimonieusement le doute est admirable et s’apparente aux effets classiques des magiciens. Tel un funambule, le spectateur est placé sur le fil du récit et Nolan s’amuse à jouer avec son équilibre en le lâchant puis le récupérant de justesse avant qu’il ne tombe. Il le fait grâce à différents niveaux de narration s’entrecroisant de manière habile et donnant au fur et à mesure des réponses qui suscitent immédiatement de nouvelles interrogations. Le spectateur est donc bluffé, ou plutôt il se laisse bluffer par les détours du tour, conscient qu’il existe bien évidemment une supercherie à cette histoire abracadabrantesque. Comme en magie et comme l’avait très bien compris et explicité Bruno Podalydès dans son Mystère de la chambre jaune (autre film mêlant intrigue et magie), l’important n’est pas l’explication du numéro mais le numéro lui-même. Et celui du Prestige est indéniablement réussi.
Il l’est notamment grâce à son apparat majestueux, à savoir une reconstitution magnifiquement lugubre de Londres à l’époque victorienne, et évidemment grâce aux magiciens, les acteurs eux-mêmes. Nolan retrouve Christian Bale et Michael Caine (déjà fils et père de substitution dans Batman Begins). Ce dernier compose un mentor "ingénieur" avec la classe époustouflante qu’on lui connaît. Quant à l’impeccable Hugh Jackman, il retrouve également l’inévitable Scarlett Johansson après leur Scoop "magique". Mais le tour de force du film, c’est qu’il sort de son chapeau David Bowie en personne. Ou plutôt David Jones (son vrai nom), tant l’artiste n’a jamais paru aussi vrai que nature. Pour preuve il fait réellement son âge (soixante ans) ! Même si on le savait déjà, on se rend ici vraiment compte à quel point Bowie a mis en scène toute sa vie. Cette façon de le désacraliser en le montrant petit et ridé est à la fois surprenante et touchante. Quant au clin d’œil concernant son rôle, il est carrément génial : sans révéler le secret, Bowie joue un inventeur d’une machine qu’il aurait pu utiliser durant toute sa carrière artistique...
Pour ce qui est du twist final, il n’est heureusement pas définitif et laisse encore planer quelques doutes que votre imaginaire comblera avec plaisir. Mais le "truc" peut néanmoins être découvert durant le film si, comme Nolan vous y invite, vous "regardez de plus près et au bon endroit"...
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