Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part
Le 10 novembre 2012
Le deuil, l’absence et la reconstruction traités avec pudeur et sensibilité par Mia Hansen-Love : Le père de mes enfants est une œuvre subtile et délicate, portée par l’interprétation forte d’Alice et Louis-Do de Lencquesaing.
- Acteurs : Éric Elmosnino, Chiara Caselli, Louis-Do de Lencquesaing, Alice de Lencquesaing , Alice Gautier
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 16 décembre 2009
- Festival : Festival de Cannes 2009
Le deuil, l’absence et la reconstruction traités avec pudeur et sensibilité par Mia Hansen-Love : Le père de mes enfants est une œuvre subtile et délicate, portée par l’interprétation forte d’Alice et Louis-Do de Lencquesaing.
L’argument : Grégoire Canvel a tout pour lui. Une femme qu’il aime, trois enfants délicieuses, un métier qui le passionne. Il est producteur de films. Révéler les cinéastes, accompagner les films qui correspondent à son idée du cinéma, libre et proche de la vie, voilà justement sa raison de vivre, sa vocation. Grégoire y trouve sa plénitude, il y consacre presque tout son temps et son énergie. Hyperactif, il ne s’arrête jamais, sauf les week-end qu’il passe à la campagne en famille : douces parenthèses, aussi précieuses que fragiles. Avec sa prestance et son charisme exceptionnel, Grégoire force l’admiration. Il semble invincible. Pourtant sa prestigieuse société de production, Moon Films, est chancelante. Trop de films produits, trop de risques pris, trop de passifs ; les menaces se précisent. Mais Grégoire veut continuer d’avancer, coûte que coûte. Jusqu’où cette fuite en avant le conduira-t-il ? Un jour, il est obligé de voir la réalité en face. Alors surgit un mot : l’échec. Et une grande lassitude, qui va bientôt, secrètement, prendre la forme du désespoir.
Notre avis : Grégoire Canvel est producteur et père de famille. Dans ses deux fonctions, il se révèle attentif et passionné. Un peu dépassé dans un cas comme dans l’autre, mais assurément sensible et prêt à se battre pour donner le meilleur de lui-même. Cet homme défend les projets auxquels il croit, le cinéma qu’il aime, pas forcément commercial, mais qui a une « vision » comme il le dit, une ambition artistique affirmée. Son travail est éprouvant nerveusement, demandant de savoir gérer l’urgence et les situations de crise, financières surtout. Très entier et perfectionniste, il vit sa profession avec ardeur et ne peut accepter l’échec qu’il considère comme une atteinte personnelle profonde. C’est pourquoi, le jour où son entreprise est au bord de la liquidation, il ne pourra faire front.
- © Les Films du Losange
Le père de mes enfants centre ainsi toute son attention, dans une première partie, autour de la chute du projet de ce héros volontaire mais malheureux. La seconde partie montre, et c’est un joli paradoxe, l’absence de cet homme. Non pas la douleur et les pleurs de ses proches ou leur désespoir face à la perte du mari, du père qu’ils aimaient profondément, mais plutôt leur appréhension du deuil. La tristesse est palpable, évidente étant donné la force des liens qui les unissaient. Mia Hansen-Love développe son intrigue autour de la construction d’une nouvelle vie, non pas sans le père, mais avec l’absent ; où comment l’homme qui a fait grandir ses enfants, continue d’exister, par-delà sa disparition. Le souvenir habite chacun des membres de la fratrie. Alors quasiment absente de la première partie, préférant ses amis aux vacances familiales, l’aînée de la famille devient le personnage central. Plus âgée que ses sœurs, elle a mieux connu son père et commençait à le découvrir non plus à travers les yeux de l’enfance mais avec un regard adulte. On découvre d’ailleurs, la formidable Alice de Lencquesaing dont l’interprétation retenue d’une jeune fille cachant sa fragilité en tentant de vivre la fin de son adolescence sans son père, fait de son personnage une véritable pièce maîtresse du récit et vient compléter à merveille l’interprétation enflammée du charismatique Louis-Do de Lencquesaing, son père dans la fiction comme au civil.
- © Les Films du Losange
La caméra de Mia Hansen-Love capte les instants d’abattement avec distance, les personnages toujours au milieu d’une pièce ; la cinéaste choisit la pudeur pour favoriser l’expression du vide laissé par l’être cher. Les décors, les lieux traversés par les protagonistes sont longuement présentés, les détails des murs visibles, les panoramiques nombreux dans les rues de Paris. Grégoire pourrait être partout, son absence est omniprésente. Il manque. Ainsi, Le père de mes enfants, subtile peinture du deuil et de la famille est une œuvre remarquable qui ne cède jamais à l’apitoiement facile et bouleverse sincèrement.
- © Les Films du Losange
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Norman06 19 janvier 2010
Le père de mes enfants - La critique
Inspiré de la fin tragique du courageux producteur Humbert Balsan (1954-2005), ce film aborde avec sensibilité mais sans pathos les questions de l’intégrité professionnelle et du travail de deuil. Juste, instructif et émouvant, pour les cinéphiles comme pour les autres...
’Boo’Radley 7 février 2010
Le père de mes enfants - La critique
Dans ce bel hommage, Mia Hansen Love sait saisir et faire vivre, par quelques traits, par quelques notations, toujours justes, jamais caricaturaux, la personnalité de celui qui aurait dû produire son premier film. Admirable première partie où l’émotion ne vient pas de ce que l’on voit sur l’écran ; elle vient, plus secrètement, de l’empathie avec laquelle la réalisatrice nous conduit par la main, côte à côte avec son héros, l’ardent promoteur d’un cinéma digne -celui que nous aimons. Dans le rôle, Louis Do de Lencquesaing est prodigieux de naturel et de charme. La suite (après la mort du producteur) est un peu brouillonne, s’éparpille inutilement mais réserve encore quelques belles séquences avec les enfants du titre, extraordinaires de sincérité.