Robert Mitchum à la RKO
Le 20 décembre 2023
Ce film criminel de la grande époque offre un des premiers rôles importants à Robert Mitchum, ici dirigé par John Brahm, artisan hollywoodien inspiré.
- Réalisateur : John Brahm
- Acteurs : Robert Mitchum, Laraine Day, Henry Stephenson, Brian Aherne, Reginald Denny, Nella Walker, Gene Raymond, Ricardo Cortez, Katherine Emery, Fay Helm, Helene Thimig, Queenie Leonard, Myrna Dell
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Théâtre du Temple
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 1h25mn
- Reprise: 15 juin 2011
- Date de sortie : 25 juin 1948
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Résumé : Nancy Patton semble être la parfaite fiancée pour John Willis. Quelque temps avant leur mariage, Willis reçoit la visite du docteur Harry Blair et ce dernier lui explique qu’il a été marié à Nancy pendant cinq ans. Menteuse, kleptomane et sans doute pire : Blair dépeint un portrait surprenant de la jeune femme, hantée par le souvenir d’un médaillon qui aurait réveillé sa frustration.
Critique : Produit par la RKO, firme à qui l’on doit Citizen Kane mais aussi de nombreuses réalisations luxueuses et séries B de prestige (La Féline,) Le médaillon est la plus grande réussite de John Brahm. Ce cinéaste d’origine allemande, qui avait signé une version de Jack l’Éventreur (1944), réalise un film obsédant et romanesque, fortement marqué par l’esthétique de Welles. Cette influence s’apprécie surtout par une structure en flash-back originale puisque le récit propose trois retours en arrière « enchâssés les uns dans les autres comme des poupées russes » (Christian Viviani). Après dix minutes d’exposition, l’histoire est en fait un long retour en arrière qui voit le docteur Blair (Brian Aherne) mettre en garde John Willis (Gene Raymond) sur la personnalité pathologique et destructrice de Nancy (Laraine Day). Au sein de ce récit, la confidence de Norman Clyde (Robert Mitchum) constitue un second volet narratif qui verra lui-même Nancy raconter une humiliation subie pendant son enfance, source du troisième flash-back. Certes, John Brahm et son scénariste Sheridan Gibney n’ont pas eu la prétention de mener des expérimentations narratives et visuelles que le studio auraient de toutes façons censurées et on est loin de la construction en spirale de L’année dernière à Marienbad. Mais force est de reconnaître que le résultat est d’autant plus convaincant que cette démarche audacieuse n’empêche pas Le médaillon de garder sa force émotionnelle.
Revisitant le film noir en le greffant au drame sentimental, les auteurs se réfèrent aussi à la psychanalyse que Hollywood découvrait en ces années d’après-guerre, leur démarche suivant ici celle de Hitchcock (La maison du docteur Edwardes), et anticipant celle de Lang (Le secret derrière la porte). Cet apport de Freud n’est pas l’élément le plus subtil du récit et surligne un peu trop les motivations de l’héroïne, même si des séquences éblouissantes en découlent, comme l’attitude sévère d’une maîtresse de maison (Katherine Emery) qui l’avait jadis brutalisée, l’accusant d’un vol. Le médaillon regorge en fait de scènes plastiquement saisissantes, d’un goûter d’anniversaire frustrant à l’assassinat d’un riche mécène (Ricardo Cortez), en passant par la reconstitution de bombardements en Angleterre. Magnifiées par la musique de Roy Webb, ces scènes doivent aussi beaucoup aux acteurs. Robert Mitchum, sous contrat à la RKO, est prodigieux et peaufine une image de virilité fragile dans cette œuvre sortie la même année que Les forçats de la gloire. Mais son personnage, fut-il important, n’apparaît que pendant les deux tiers du film. La véritable star est bien Laraine Day, que Hitchcock avait dirigée dans Correspondant 17. Sa composition de femme fatale masquée sous « un si doux visage » est digne des interprétations de Barbara Stanwyck ou Gene Tierney.
Notes : Le scénario a été coécrit par Norma Barzman (1920-2023), qui fut l’épouse de Ben Barzman, tous deux ayant été victimes du maccarthysme.
LE TEST DVD
Un DVD agréable que les Éditions Montparnasse proposent dans le cadre de sept nouveaux titres, pour le dixième anniversaire de la collection Classiques de poche RKO.
Les suppléments
Le film est présenté en quelques minutes avec clarté et pédagogie par Serge Bronberg. On regrettera l’absence de tout autre supplément, notamment sur les acteurs et collaborateurs artistiques et techniques, et ce d’autant plus que la jaquette du DVD ne comporte aucune affiche du film.
L’image
La belle photo noir et blanc de Nicholas Musuraca est admirablement rendue. Le travail des Éditions Montparnasse est ici d’autant plus apprécié que la firme RKO misait énormément sur la contribution de ses chef-opérateurs.
Le son
Son Dolby Digital 2.0 Mono de qualité. Le DVD propose la version originale en langue anglaise avec ou sans sous-titres français.
– Année de production : 1946
– Sortie du DVD : 20 août 2013
Galerie photos
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