Collection Comédie Française
Le 17 août 2012
Oeuvre austère, la pièce de Montherlant souffre du traitement académique proposé par Michel Etcheverry
- Réalisateur : Lazare Iglesis
- Acteurs : Ludmila Mikaël, Michel Etcheverry, Jacques Eyser, Jean-Noël Sissia
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 1h38mn
– Mise en scène : Michel Etcheverry
– Date de sortie DVD : le 21 août 2012
Oeuvre austère, la pièce de Montherlant souffre du traitement académique proposé par Michel Etcheverry
L’argument : Depuis des années, le grand maître de l’Ordre de Santiago a renoncé au métier des armes et vit retiré à Avila, en Castille. Dans une demeure austère et sans ornement, il consacre désormais son existence à la prière, dédaigneux de la vanité de tous les biens terrestres. Mariana, sa fille, accompagne avec une admiration mêlée de crainte la vie de cet homme fier. Les chevaliers de son Ordre viennent lui proposer de partir dans le Nouveau Monde où le roi d’Espagne lui offre un poste prestigieux. L’argent qui lui est promis lui permettrait de doter sa fille et de la marier à don Jacinto qu’elle aime.
Notre avis : Le Maître de Santiago est une pièce austère, aussi froide que le décor neigeux qui lui sert d’arrière-plan. Auscultant minutieusement la résignation du héros, l’oeuvre cultive un certain immobilisme qui se ressent jusque dans les dialogues, constamment ralentis par la présence d’anecdotes ou de petites histoires secondaires - d’ailleurs introduites de manière très démonstrative, sous la forme de phrases du type : "Je me rappelle cette histoire", ou "L’on m’a raconté que...". Reconnaissons-le, le texte a quelque peu vieilli. Il présente du moins de redoutables difficultés de mise en scène que ne contourne pas tout à fait, dans cette captation de 1973, Michel Etcheverry.
Incarnant avec une austérité démesurée le personnage éponyme, Etcheverry ne parvient pas à hisser les discours politiques et religieux des personnages au-delà de la simple "rhétorique". On peine à s’émouvoir de cet univers très masculin et hiérarchisé, dont les représentants discourent de problématiques étrangères à notre monde, avec au fond de la voix une sorte de vieille croyance nostalgique en l’illusion référentielle du théâtre et en sa force "réaliste". Face à eux, Ludmila Mikaël compose un personnage plein de finesse et son émotion est perceptible à plusieurs reprises, mais celle-ci est bridée par le classicisme de la mise en scène, qui recourt à tout un lot de costumes d’époque pour tenter de rendre à ce drame sa vivacité. Il faut donc bien l’avouer, cette captation ne fera pas partie des incontournables de la collection "Comédie Française", éditée avec bonheur chez Montparnasse. Tout au plus lui trouvera-t-on un certain intérêt pédagogique.
Les suppléments :
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Le spectateur ne souffre pas de leur absence.
L’image :
Un bon travail a été mené à partir d’une première captation vidéo. Le grain est quasiment imperceptible, et même si les couleurs sont un peu vieillies, l’ensemble se regarde joliment. Seul inconvénient, le format 4/3, qui donne une image carrée, contribue à étouffer une mise en scène déjà austère.
Le son :
Un modeste Mono suffit à capter l’ambiance, les timbres de voix, les émotions qu’elles véhiculent. Aucun arrière-fond ne vient gêner l’écoute, puisque l’on entend pas le public. Ce dernier manque d’ailleurs un peu à l’ensemble, filmé comme un téléfilm de studio, et qui nous prive de la réaction des spectateurs de l’époque.
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bertrand simon 17 décembre 2017
Le Maître de Santiago - la critique + le test DVD
Il faut aimer Montherlant plus que vous pour goûter la pièce et l’interprétation magnifique d’Etcheverry . Bien sûr on aimerait disposer du vieux noir et blanc de la télévision (1958 environ) avec Henri Rollan .