Le maître de guerre - Clint Eastwood - critique

Critique : Pour sa première incursion dans le film de guerre en qualité de metteur en scène, Clint Eastwood se redonne, un peu comme dans ses westerns ou polars, le rôle du dur individualiste, imprévisible, tendance tête brûlée. La différence, de taille ici, c’est qu’il est plus bavard qu’à l’ordinaire, et s’exprime avec un vocabulaire particulièrement fleuri, c’est le moins que l’on puisse dire. Il semble d’ailleurs que ce soit le cas de tous les militaires qu’il va croiser.
Le cinéaste s’amuse à manier le paradoxe avec cette histoire qui peut paraître cocardière au premier abord, et se plaît surtout à brocarder la hiérarchie autoritaire des officiers, incompétents et obtus, face à la bonne humeur et la débrouillardise des troufions.

Tout cela n’est pas réellement sérieux. S’appuyant sur une forme de cinéma initiée par ses prédécesseurs tels Richard Brooks ou Samuel Fuller, il détourne avec dérision une histoire de formation militaire. Ou comment un instructeur inflexible, d’abord détesté, va finir par être apprécié par ses hommes, à la vie à la mort. Une intervention militaire réelle (un poil trop patriotique) prouvera tout le talent du sergent. Parallèlement, il retrouvera aussi son ex-épouse, devenue serveuse dans la base où il revient, pour quelques scènes de règlement de comptes plutôt pimentées.

Ce long métrage, qui ne fait pas partie du meilleur de la filmographie du cinéaste, peut être considéré comme le dernier opus de la première époque de son œuvre. Il lâchera ensuite, à quelques exceptions près, le pur divertissement pour des films plus profonds qui le feront, cette fois, entrer dans la cour des grands, celle des cinéastes reconnus internationalement. Bird, biographie du saxophoniste de jazz Charlie Parker sera le suivant.