Le gang des Antillais - la critique du film + le test DVD

Critique : Il y a au départ de ce film une volonté louable de dévoiler un pan méconnu de l’histoire de la France, le sinistre « BUMIDOM » voulu par Michel Debré et qui fait venir des Antilles de nombreux travailleurs, de 1963 à 1981. La rage qui s’exprime chez ces gens trahis repose, c’est dit ou suggéré à de nombreuses reprises, sur le sentiment d’être des laissés-pour-compte, sentiment aggravé par le racisme ambiant. En commençant par des images d’archives, Le gang des Antillais s’inscrit dans cette volonté explicite de témoigner. À ce titre, il mérite d’être vu et donne envie d’en savoir plus.

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Voilà pour les intentions. Hélas, le film, qui tente de mêler didactisme et narration, s’empêtre constamment dans une dénonciation bavarde, alourdie encore par un commentaire off mal écrit. On a beau éprouver de la sympathie pour ce combat idéologique, le jeu des comédiens, souvent approximatif, le rythme paresseux et la mise en scène anonyme affaiblissent la portée du discours. Les dilemmes moraux, explicités sans fin en joutes verbales successives, sont heureusement compensés par quelques trop rares séquences brutales et dans lesquelles l’image prime (la prostituée balafrée, la fouille au corps, la fusillade dans les escaliers…). On s’amuse également des clins d’œil à la « blaxploitation » : la musique, évidemment, mais aussi les poses des personnages les volets ou le split screen, autant de moments souriants, presque gratuits dans un métrage un peu sentencieux.

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Une fois de plus, il ne s’agit pas de contester la générosité et les bonnes intentions du cinéaste ; mais le film en tant que tel ne parvient jamais à dépasser les clichés du scénario, et le fait de s’inspirer d’une histoire vraie (on a même droit à l’intervention décisive de Patrick Chamoiseau) ne justifie pas un tel manque d’audace et d’ambition. Même la belle séquence du parloir, qui devrait être un sommet, est gâchée par une explication largement superflue. Quant à la référence appuyée au combat de coq… Mieux vaut donc garder les quelques passages âpres et violents qui font la valeur de cet essai bancal.

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Les suppléments :
La BO, à part, peut-être écoutée, ce qui est plutôt plaisant. Mais c’est surtout le making-of, une fois n’est pas coutume, qui passionne : l’engagement des intervenants, leur foi, leurs difficultés forcent le respect (67mn).

L’image :
On est dans la bonne moyenne du DVD ; la copie respecte les choix du chef opérateur et du cinéaste, avec ces couleurs ternes et l’absence de profondeur de champ.

Le son :
Deux pistes pour un film qui repose beaucoup sur les dialogues, avec peu d’effets ; les seules mises en valeur des enceintes, musique et scènes d’action, sont plus efficaces dans la version 5.1.