Le Fidèle - la critique + le test DVD

Copyright : Pathé Distribution

Le film : Difficile pour Michael Roskam de succéder à son Bullhead, premier film coup de poing qui l’avait révélé ainsi que son acteur fétiche Matthias Schoenaerts, mais dont l’immédiate ascension au rang des plus grands espoirs pour le genre du polar / thriller amenait son lot d’attentes démesurées. Son passage aux États-Unis, bien que plus mineur, s’était soldé par un très joli succès, Quand Vient la Nuit, porté par un trio d’acteur masculin au sommet. On dit souvent que le passage outre-Atlantique pour les réalisateurs européens se solde par des échecs face à la machine hollywoodienne (les exemples ne manquent pas pour appuyer cette affirmation), pourtant c’est en signant son retour en Belgique (et en France) que Roskam a connu son premier véritable accueil mitigé. Il faut reconnaître objectivement que Le Fidèle ne restera pas comme le long-métrage le mieux écrit de son réalisateur. Reprenant beaucoup de ses thématiques et obsessions qui lui sont chères depuis ses débuts, le Belge manque d’homogénéité et de subtilité pour insérer ses symboles dans son histoire (relatifs aux chiens tout particulièrement). Bullhead profitait d’une véritable gestation dans le scénario et Quand Vient la Nuit disposait d’un carcan imposé par le grand Dennis Lehane, ce que Le Fidèle n’a pas eu de toute évidence. Pourtant, l’idée du film remonte à l’époque de son premier long-métrage, et il serait injuste de juger le travail de Roskam comme torché à la va-vite. Certes les éléments de narration manquent de se tauler par leur incohérence ou grossièreté (les chiens, encore et toujours), mais il place dans son film une force dramatique que l’on n’avait jusqu’à alors jamais trouvée dans la froideur du style du réalisateur.

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D’abord thriller baignant dans le film de braquage, Le Fidèle surprend par sa tournure mélodramatique assumée percutante. Grande tragédie sur le dépérissement d’un couple porté par la passion amoureuse, le film retrouve avec une subtilité moindre l’envie d’asséner un coup de poing psychologique à son spectateur, ce qu’il parvient à faire par un duo de personnages et d’acteurs en totale osmose. Témoignage d’un grand attachement pour ses deux protagonistes, la construction en trois actes offre à chacun des acteurs de cette histoire d’amour, Gino et Bénédicte, une place privilégiée qui ne laisse personne sur le côté de la route. L’histoire d’amour se suit à travers deux regards différents, parce qu’un couple se forme de deux points de vue, de deux vies qui se rejoignent, chose parfaitement assimilée par le réalisateur belge dans sa volonté d’ausculter cette relation. Et si l’on pouvait craindre une baisse de rythme de par le morcellement de sa narration, Le Fidèle trouve au contraire dans son découpage une grande efficacité, chaque nouvel acte franchissant un pallier dans le drame âpre et fort. Autant Matthias Schoenaerts qu’Adèle Exarchopoulos passionnent par leur trajectoire dépendante l’une de l’autre. Avec un emprunt clairement identifié au film noir, sa nervosité mais également sa sensualité, le couple formé au sein du film explose à l’écran par la présence de ces deux acteurs si charismatiques et glamours, même si par son ambiance très virile le film n’affiche jamais vraiment directement le potentiel glam de ses têtes d’affiches. Non, Le Fidèle, qui renvoie à la force de cette relation amoureuse qui ne faiblit jamais malgré les épreuves, c’est également Michael Roskam, persévérant dans le thriller mutique héritier du film noir. Ici, la variante est surprenante car plus mélodramatique ; elle renouvelle la patte bourrue d’un réalisateur toujours aussi efficace dans sa mise en scène.

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Le DVD :

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Les suppléments :

Trois entretiens, un avec Roskam, un avec Schoenaerts et un avec Exarchopoulos. C’est du face caméra, mais les questions posées permettent d’aborder le film en profondeur, notamment dans les relations entre les acteurs et le réalisateur.

L’image :

L’énorme point faible de cette édition. Incapables de gérer le grain, les scènes nocturnes sont difficilement lisibles et surtout assez laides à regarder. Le transfert affiche dans ces scènes à faible éclairage des textures grossières et un mauvais traitement des couleurs. Le reste ne brille pas non plus, même si le piqué se montre honnête dès qu’il y a assez de lumière, et l’on se dit qu’une édition blu-ray pour ce film n’aurait vraiment pas été de trop.

Le son :

Certains dialogues peinent à se faire comprendre, en cause un manque de clarté évident par moment, mais l’ensemble se tient correctement. Les scènes d’action profitent d’une belle immersion sonore et c’est avec plaisir que les ronronnements de moteur font vrombir le caisson de basse.