Le crime passionnel était presque parfait !
Le 8 novembre 2010
Quatrième variante du roman noir de James M. Cain : Bob Rafelson règle ses comptes avec une Amérique prude. Les parties de jambes en l’air entre Lange et Nicholson constituent un sommet de l’érotisme au cinéma.
- Réalisateur : Bob Rafelson
- Acteurs : Anjelica Huston, Jack Nicholson, Jessica Lange, Christopher Lloyd, John P. Ryan, Michael Lerner, John Colicos, William Traylor
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Park Circus France
- Durée : 2h01mn
- Date télé : 23 décembre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 21 septembre 2016
- Titre original : The Postman Always Rings Twice
- Date de sortie : 26 août 1981
- Plus d'informations : Histoire du Polar au cinéma
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Résumé : Frank Chambers rencontre, lors de ses pérégrinations, Nick Papadakis, qui tient un café au bord de la route. Quand il voit Cora, la très jolie femme de Nick, il accepte le travail qu’il lui propose.
Critique : La Grande Dépression des années 1930 laisse sur le carreau bon nombre de ses travailleurs. C’est le sort d’un de ceux-ci, devenu sans-abri, Frank Chambers (Jack Nicholson en séducteur invétéré), qui débarque au milieu de nulle part, à la station-service de Nick, un cinquantenaire d’origine grecque, et de Cora (Jessica Lange, belle à mourir !), sa ravissante et séduisante jeune femme. Sans un sou, il est engagé comme mécano. Très vite, il s’éprend de Cora, qui retrouve du même coup toute sa libido (jusqu’alors refoulée). À eux deux, ils envisagent de se débarrasser de Nick.
C’est le remake éponyme d’un film noir de Tay Garnett (1946, avec John Garfield, Edward G. Robinson et Lana Turner en femme fatale). Mais le roman avait auparavant été adapté par Pierre Chenal (Le dernier tournant, 1939) puis Luchino Visconti, dans une version néoréaliste (Ossessione, 1943), Quant à Bob Rafelson, avec l’aide du scénariste David Mamet, il s’éloigne de l’épilogue imaginé par James M. Cain (également à l’origine du scénario de deux autres chefs-d’œuvre du film noir américain des années 40 : Double Indemnity de Billy Wilder et Mildred Pierce de Michael Curtiz). Nicholson et Rafelson coopéraient pour la cinquième fois, une décennie après Cinq pièces faciles, le film qui rendit Rafelson célèbre. Ce dernier avait aussi aussi produit Vas-y, fonce, la première réalisation de l’acteur. Cette nouvelle complicité - qui remonte à Easy Rider (marquant la naissance du Nouvel Hollywood) et se prolongera jusqu’à Blood and Wine - précède La veuve noire, autre intrigue policière machiavélique (encore scénarisée par Mamet). Fraîchement libérée des paluches de King Kong, Jessica Lange retombe sous l’emprise d’un autre mâle, attiré par son sex-appeal irrésistible. Agissant en dépit de toute raison logique, ce couple d’amants fonctionne selon ses instincts primaires (ici, sexuels) qui les mèneront à leur propre perte puisqu’ils iront jusqu’à transgresser les règles préétablies par la société. Exempté du code Hays (code de censure), Rafelson en profite pour créer la polémique, faisant couler beaucoup d’encre à sa sortie (le succès commercial n’est d’ailleurs pas à la hauteur du scandale qu’il suscite), tant par son sujet immoral que par son approche érotique des plus suggestives, à l’instar de La fièvre au corps de Lawrence Kasdan (sorti quelques mois plus tard) ; surtout dans un pays où le moindre bout de chair exposé choque ! Abstraction faite de sa réputation sulfureuse, Le facteur sonne toujours deux fois représente très finement la frustration sociale de deux êtres s’exprimant en dehors de toute contrainte morale. Bob Rafelson a su tirer le meilleur de son actrice qui fait jeu égal face à un Nicholson toujours aussi imposant.
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