Le 10 novembre 2021
- Dessinateur : Etienne Davodeau
- Genre : Document, Reportage
- Editeur : FUTUROPOLIS
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 6 octobre 2021
« Je marche pour faire un livre », déclare Étienne Davodeau à son lecteur. Le dessinateur a parcouru 800km à pied pour interroger notre rapport à la planète et à son sol, et parler du projet d’enfouissement des déchets
nucléaires à Bure.
Résumé : 800 kilomètres séparent la grotte de Pech Merle (Lot) qui comprend d’exceptionnels dessins réalisés il y a 20 000 ans par nos ancêtres Sapiens, du village de Bure (Meuse), au cœur du projet de stockage de déchets radioactifs Cigéo (« centre industriel de stockage géologique ») porté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). En juin 2019, le dessinateur Étienne Davodeau a relié à pied ces deux lieux afin d’éprouver physiquement « ce qui les sépare » témoignant ainsi d’une évolution radicale de notre rapport au sol et à notre planète. Le dessinateur narre son long périple et convoque au fil de sa marche différents spécialistes pour échanger sur la question du sol, sur les traces laissées par nos ancêtres, sur l’histoire du nucléaires ou sur la pérennité du langage et de l’écrit.
Dix ans après Les ignorants, Étienne Davodeau revient au « je » et à la bande dessinée de reportage. La mise en récit de sa longue marche constitue pour le dessinateur (et randonneur aguerri) un moyen de tendre un fil entre passé et présent pour interroger les traces que les Sapiens – terme privilégié par l’auteur pour unir dans une même expression les Hommes d’hier, d’aujourd’hui et de demain – laissent et laisseront derrière eux. Étienne Davodeau raconte au début du récit son émotion face au mammouth de Pech Merle, chef-d’œuvre de l’art pariétal qui constitue une trace laissée à la postérité par l’un(e) de nos ancêtres. Il rapproche cette trace de celle, radioactive et dangereuse, que nous nous apprêtons à laisser à Bure à nos successeurs. Et le dessinateur-marcheur pose à son lecteur cette question : souhaitons-nous réellement laisser aux Sapiens de demain des déchets radioactifs enfouis sous terre qui resteront dangereux pendant des dizaines de milliers d’années ? Et comment alerter les générations futures, sur plusieurs milliers d’années, sur les dangers inhérents aux déchets nucléaires ? Ces questions existentielles sont à l’origine d’un « vertige » au cœur du projet du dessinateur.
- Étienne Davodeau – Futuropolis
Formidable raconteur d’histoire, Étienne Davodeau entraîne son lecteur dans son voyage qui traverse le Massif central et le Morvan. L’auteur de Rural ! aime à montrer la beauté de ces territoires de la « diagonale du vide » restés à l’écart de la mondialisation. Le récit alterne avec finesse entre les rencontres réalisées au fil de la route – avec des inconnus ou des amis qui l’ont un moment accompagné dans son périple –, anecdotes sur des petits déboires, évocation des sensations éprouvées lors de la marche et reconstitution des dialogues avec les scientifiques. Par la peinture des (magnifiques) paysages traversés, le dessinateur apporte des respirations graphiques à un album riche en informations scientifiques. Le lecteur s’amuse également des petits anecdotes, notamment lorsqu’il met en scène les réactions des habitants qu’il croise lorsque ceux-ci apprennent son itinéraire. Facétieux, Étienne Davodeau relate également le moment où il jette ses déchets dans la poubelle de la maison du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises, une façon de souligner le rôle cardinal du premier président de la Cinquième République dans le lancement du programme nucléaire français.
- Étienne Davodeau – Futuropolis
Au-delà des talents d’artiste et de narrateur d’Étienne Davodeau, la force du Droit du sol est de toujours miser sur l’intelligence de son lecteur, que l’auteur n’hésite pas à interpeller régulièrement. Davodeau reconnaît volontiers que son récit est partisan et qu’il est de ceux qui sont opposés au projet d’enfouissement des déchets nucléaires. Il donne à ce propos la parole à un militant, Joël Domenjoud, qui raconte la répression forcenée menée par l’État – qui use volontiers de l’arsenal législatif issu des lois antiterroristes – contre les opposants au projet de la Cigéo. Mais s’il est engagé, le récit d’Étienne Davodeau ne tombe jamais dans la caricature. Le Droit du sol souligne un état de fait : les déchets nucléaires existent et leur traitement est une question d’une exceptionnelle complexité. Le problème central que souligne d’abord la bande dessinée est l’absence totale de débat public sur le destin des centrales nucléaires et de leurs déchets, alors que cette industrie pose des questions fondamentales sur le long terme. C’est ce problème qu’Étienne Davodeau met brillamment sous les yeux du lecteur.
- Étienne Davodeau – Futuropolis
216 pages – 25 €
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