Le 8 janvier 2017
Avec Le Divan de Staline, film totalement renfermé sur lui-même, Fanny Ardant ne fait que s’écouter penser pendant une heure et demie. Quelques belles images subsistent malgré tout.


- Réalisateur : Fanny Ardant
- Acteurs : Gérard Depardieu, Emmanuelle Seigner, François Chattot, Paul Hamy, Alexis Manenti, Joana de Verona
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Français, Portugais
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 11 janvier 2017

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Résumé : Staline vient se reposer trois jours dans un château au milieu de la forêt. Il est accompagné de sa maîtresse de longue date, Lidia. Dans le bureau où il dort, il y a un divan qui ressemble à celui de Freud à Londres. Il propose à Lidia de jouer au jeu de la psychanalyse, la nuit. Durant le jour, un jeune peintre, Danilov attend d’être reçu par Staline pour lui présenter le monument d’éternité qu’il a conçu à sa gloire. Un rapport trouble, dangereux et pervers se lie entre les trois. L’enjeu est de survivre à la peur et à la trahison.
Notre avis : Trois ans après ses catastrophiques Cadences Obstinées, film peu apprécié par la critique et le public (à peine plus de 4000 entrées cumulées au Box-Office français), Fanny Ardant, la célèbre actrice que nous connaissons tous, revient à la réalisation avec un troisième long-métrage : Le Divan de Staline. Adapté du roman de Jean-Daniel Baltassat, cette œuvre, au style moins esthétique qu’esthétisant, et à l’intrigue hermétique, raconte les rapports pervers entre un peintre, Danilov (Paul Hamy), Joseph Staline (Gérard Depardieu) et sa maîtresse Lidia (Emmanuelle Seigner), qui a placé le jeune artiste sous sa protection. Le casting est alléchant, mais l’on ne peut en dire autant du scénario, ni des personnages.
- © Alfama Films
Le Divan de Staline se veut, comme son titre l’indique, une œuvre philosophique et psychanalytique. Ce sont autant les personnalités complexes des protagonistes que leurs rapports ambigus qui intéressent la réalisatrice. Le Petit Père des peuples, comme ses admirateurs se plaisaient à l’appeler, fait des rêves étranges dont il parle à Lidia, étendu de toute sa masse sur un divan. Les vieux démons du plus célèbre dictateur de Russie refont surface – en témoigne le très beau brouillard fantomatique flottant au-dessus du lac du château où se déroule l’intrigue – le rendent irritable, tout comme les amours platoniques de Lidia et Danilov. Les cris tonitruants de Gérard Depardieu résonnent dans tout le domaine, réveillant au passage le spectateur qui s’était endormi, bercé par des répliques pompeuses et cérébrales. Au-delà de la froideur des personnages, qui les rend peu attachants, il ne subsiste que la beauté des architectures, que l’on se plait à contempler le temps de quelques plans. Mais rien d’autre.
- © Alfama Films
Comme dans son précédent film, Fanny Ardant réduit les possibilités cinématographiques de son sujet à une suite de dialogues métaphysiques, à une mise en scène trop propre sur elle pour être originale ou surprenante, et s’enferme dans un ésotérisme qui ne permet pas au spectateur de rentrer dans l’histoire qu’elle raconte.