L’amour du vide
Le 7 janvier 2014
Avec Cadences obstinées, sa seconde réalisation, Fanny Ardant livre un film d’amour qui brasse du vide. Insipide, mais surtout très ennuyeux.
- Réalisateur : Fanny Ardant
- Acteurs : Gérard Depardieu, Asia Argento, Nuno Lopes, Franco Nero
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 8 janvier 2014
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Avec Cadences obstinées, sa seconde réalisation, Fanny Ardant livre un film d’amour qui brasse du vide. Insipide, mais surtout très ennuyeux.
L’argument : Une femme a abandonné sa brillante carrière de violoncelliste pour l’amour d’un homme. Mais cet homme a un contrat a remplir, contrat qui ne peut pas s’encombrer d’amour… On n’aime jamais de la même façon et en même temps.
Notre avis : Margo, ancienne violoncelliste de talent, a tout quitté pour Furio, un homme qui se lance dans la construction mouvementée d’un hôtel. De cette confrontation entre amour de soi et amour de l’autre naissent de nombreux conflits qui viendront, petit à petit, consumer les passions des uns et des autres. Dès les premiers instants, le ton est ainsi donné : l’amour et les ambitions professionnelles ne peuvent, bien souvent, coexister.
Fanny Ardant trouve dans cette histoire de faces cachées, de tromperies et d’appétits inavoués, une manière de présenter une vision particulièrement esthétisée de l’amour, ou plutôt du désir. Car derrière l’ordinaire question de la mort des sentiments se trouve celle de l’appétence, cette envie de transgression – la corruption, l’adultère – qui anime chacun des personnages de ce récit profondément pessimiste. Avec, au centre de toutes les attentions, la complexe question de l’adversité, celle qui oppose de manière fatale les hommes aux femmes –Margo abandonne la musique pour Furio, Furio abandonne Margo pour sa carrière –, et qui se retrouve sous le regard de la réalisatrice propulsée dans une dimension totalement unilatérale et presque complaisante de la phallocratie. Aucun contrepoids ne viendra en effet perturber le règne et la puissance de l’homme qui, en plus d’imposer violemment son ordre moral à la femme, se voit sublimer par une caméra qui ne cessera de lui rendre hommage – les hommes, bien que disgracieux, sont filmés avec une réelle fascination. Fanny Ardant l’affirme elle-même : « je suis issue d’une génération où beaucoup de femmes ont été féministes. Je ne l’ai jamais été ». De cette manière d’étayer un rapport de force prétendument déséquilibré et de le rendre si esthétique nait alors ce sentiment d’assister à la victoire heureuse et incontestable d’un machisme terriblement ordinaire.
Si les dialogues occupent une place toute particulière, on trouve surtout dans Cadences obstinées une forme de mutisme qui aurait pu offrir à ses personnages les moyens de transmettre par des non-dits, des gestes et des regards ce que les mots ne peuvent pas toujours exprimer. Las, cette contraction physique - on parle beaucoup pour ne rien dire - accouche de nombreuses séquences ennuyeuses, peu plausibles car guidées par un symbolisme exagérément appuyé. Pis, les prestations mécaniques, car très théâtrales, des acteurs rendent difficile tout sentiment d’empathie envers les différents personnages Guidée par les rails maudits d’un scénario qui n’accepte aucune sortie de route, la trame romanesque de Cadences obstinées se voit finalement tomber dans la plus terrible des anecdotes : celle de l’histoire d’un couple qui ne s’aime plus, et qui donne l’impression de ne s’être jamais aimé, faute aux corps inertes et vides de sentiments qui le composent.
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