Le deuxième amour

Dix-neuf courtes nouvelles de Joseph Roth pour une plongée dans un univers qui a tout le charme du conte et l’ironie des grands et des petits drames de la vie.

La partition est connue mais reste réjouissante. Une phrase courte pour commencer, une chute pour finir et, entre les deux, un humour détaché propre à ces auteurs d’Europe centrale qui cultivent ainsi leur nostalgie et leur mal-être. Joseph Roth, l’auteur de La marche de Radetzky, décline en dix-neuf petites histoires l’enfance, le désir, le spleen, les contradictions de cette humanité capable du pire et du meilleur... Autant dire que les textes sont aussi courts que les univers sont vastes. On y reconnaît le surréalisme et le moralisme des contes d’Hoffmann et la poésie, la pureté, la candeur, de ceux de Wilde. Rien de nouveau donc mais comment ne pas s’émouvoir devant une robe de taffetas qui rencontre la guerre et la misère, un saint Nicolas grondé par un vulgaire gardien d’immeuble parce qu’il ne descend pas par la cheminée mais passe par la porte d’entrée ou ce violoniste qui n’épousa pas une magnifique princesse parce qu’il ne savait pas danser ? Forcément, il ne peut pas danser vu qu’il joue du violon... Comment ne pas sourire devant ces coups du sort qui font qu’un deuxième amour débouche sur un troisième, cet ancien camarade de classe, bien sous tous rapports, scandaleusement ennuyeux, dont on ne retrouve pas le nom ou cet individu banal, physique, musculature et conversation banals, qui prend sa revanche sur une belle jeune femme sûre d’elle et capricieuse ? Peut-être en étant très très mauvais public...