Le 20 janvier 2022
Ce film assez classique dans sa forme est réputé pour sa violence singulière.
- Réalisateur : Jack Cardiff
- Acteurs : Jim Brown, Yvette Mimieux, Kenneth More, Rod Taylor, Peter Carsten
- Genre : Drame, Aventures, Action, Film de guerre
- Nationalité : Américain, Britannique
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Mercenaries - The Dark of the Sun
- Date de sortie : 3 mai 1968
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Résumé : Au Congo belge, en pleine révolution, un commando de mercenaires est chargé de récupérer un stock de diamants et de sauver quelques civils.
Critique : Grand directeur de la photo, Cardiff se mit sur le tard à réaliser quelques films, dont Le dernier train du Katanga est réputé le meilleur, aimé par Scorsese. Il est aussi une référence pour Tarantino (mais il en a tant, et pas toujours du meilleur goût) qui réutilisa la BO et l’acteur principal dans Inglourious Basterds. C’est donc avec une grande curiosité qu’on aborde cette série B, d’autant qu’elle s’appuie sur des événements historiques peu traités, c’est-à-dire les violences engendrées par la guerre de décolonisation du Congo. Sur le modèle éprouvé du groupe embarqué dans une mission périlleuse (sauver des gens et récupérer des diamants en trois jours), le scénario s’attache surtout à l’action, mais en évacue toute esthétique : la guerre, c’est brutal, sanglant ; c’est, pour reprendre la fameuse expression, du sang, de la sueur et des larmes. Rien ne nous sera donc épargné en termes de viols, tortures, mutilations, meurtres d’enfants ; on a sans doute fait pire depuis, mais force est de constater que Cardiff n’édulcore rien. Même s’il a recours parfois au hors-champ, ce qu’il montre comme ce qu’il suggère est singulièrement dérangeant. Reconnaissons-le : peu de films de cette époque possèdent une barbarie équivalente. Et cette violence n’épargne personne : les victimes comme les bourreaux sont dans les deux camps. S’il y a une portée philosophique, elle se ramasse en quelques phrases assez oiseuses et en un personnage, l’humaniste du groupe, Ruffo, qu’interprète sobrement Jim Brown. C’est d’ailleurs la partie la plus faible du métrage que la conversion finale de Curry (Rod Taylor) aux idéaux de son ami et c’est aussi la plus maladroite, avec des flash-back inutiles.
Quand on aura ajouté la faiblesse du personnage féminin, fadement joué par la mignonne Yvette Mimieux, des transparences indignes et quelques effets ratés (le montage alterné au moment de l’ouverture du coffre, des mauvais raccords dans la bagarre finale), on aura une idée des handicaps de ce dernier train. Mais le reste frise parfois l’hallucinant : la séquence de la traversée de l’hôtel par Ruffo portant Curry s’apparente à une descente aux enfers ; la découverte de charniers, le meurtre de Ruffo ou le combat entre Henlein et le mercenaire sont d’une brutalité éprouvante. Cardiff montre plutôt habilement l’ivresse de la violence et l’engrenage qu’elle génère, mais peine à faire de cette sauvagerie radicale un questionnement : l’itinéraire de Curry et son opposition à Ruffo en restent au stade d’une réflexion embryonnaire. Tel quel, cependant, Le dernier train du Katanga ne démérite pas dans le cinéma de genre et le malaise qu’il suscite l’éloigne de la production courante car, malgré son lot de clichés (le médecin ivrogne qui se rachète, ce n’est pas bien neuf…), il témoigne de l’âpre difficulté à rester civilisé dans un monde où la guerre efface les repères.
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