Le dernier des injustes : Claude Lanzmann revient à Cannes

Après Les Invisibles en 2012, un nouveau documentaire s’invite en sélection officielle, hors compétition. Le nouveau long de Claude Lanzmann le réalisateur de Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, évoquera une fois de plus les pages sombres de l’histoire allemande, avec des rushes non utilisées pour le monumental Shoah...

L’argument : 1975. A Rome, Claude Lanzmann filme Benjamin Murmelstein, le dernier Président du Conseil Juif du ghetto de Theresienstadt, seul "doyen des Juifs*" à n’avoir pas été tué durant la guerre. Rabbin à Vienne, Murmelstein, après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne en 1938, lutta pied à pied avec Eichmann, semaine après semaine, durant sept années, réussissant à faire émigrer 121.000 juifs et à éviter la liquidation du ghetto.
2012. Claude Lanzmann à 87 ans, sans rien masquer du passage du temps sur les hommes, mais montrant la permanence incroyable des lieux, exhume et met en scène ces entretiens de Rome, en revenant à Theresienstadt, la ville « donnée aux juifs par Hitler », « ghetto modèle », ghetto mensonge élu par Adolf Eichmann pour leurrer le monde. On découvre la personnalité extraordinaire de Benjamin Murmelstein : doué d’une intelligence fascinante et d’un courage certain, d’une mémoire sans pareille, formidable conteur ironique, sardonique et vrai.
A travers ces 3 époques, de Nisko à Theresienstadt et de Vienne à Rome, le film éclaire comme jamais auparavant la genèse de la solution finale, démasque le vrai visage d’Eichmann et dévoile sans fard les contradictions sauvages des Conseils Juifs.

Notes : Réalisateur du film testamentaire de plus de 9 heures, Shoah en 1985, oeuvre de référence historique sur l’Holocauste qui marqua les esprits de tous ceux qui ont pu le découvrir, Claude Lanzmann a également frappé les spectateurs au début des années 2000 avec le très sobre Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, où le poids des mots et les cadrages d’un survivant d’un camp d’extermination donnait une expression essentielle à ce témoignage sur la seule révolte réussie en camp de la mort. Le film avait été sélectionné à Cannes en 2001, hors compétition
En 2013, Lanzmann, dont l’oeuvre a été célébrée un peu plus tôt lors de la dernière Berlinale, connaît une fois de plus les honneurs d’une sélection officielle à Cannes avec son dernier documentaire sur Benjamin Murmelstein, le dernier Président du Conseil Juif du ghetto de Theresienstadt, à la réputation sulfureuse de collaborateur. Lanzmann l’avait rencontré en 1975 pour son film Shoah. Les rushes n’avaient pas été utilisées dans le montage définitif mais ont servi pour ce long métrage très attendu...