Le député, la noble assemblée - La chronique BD

Cette BD, Xavier Cucuel a pu la rendre plus vivante grâce aux moults détails et anecdotes qu’il a récupérées auprès de Jean-Louis Debré, qui semble connaître les lieux mieux que sa poche.
Si le récit initiatique de Jean-René risque, à notre avis, de laisser un peu de glace, car ce n’est pas la première fois qu’un ingénu nous fait découvrir les rouages de la politique, on pourrait citer Quai D’Orsay, ou encore Désintégration, sans oublier le cinéma qui nous a offert quelques pépites du genre. Sans oublier non plus les séries télé politiques qui aiment à nous montrer combien l’envers du décor politique est fait de roueries, de malversations et de corruptions.
Avec Jean-René, nous sommes à une échelle plus personnelle, plus intime. Et les anecdotes de son entrée dans le palais de l’assemblée sont finalement plus intéressantes que le parcours du personnage, qui se révèle un peu classique.
Heureusement, Jean-René sait faire preuve d’humour, humour qui se retourne parfois contre lui, ce qui rend au final le personnage attachant et cette BD agréable à lire. Mais pour le dire simplement, la découverte du Palais Bourbon réserve plus de surprises que l’intrigue initiatique du protagoniste.
Et cette découverte est un vrai régal. Car le scénario sait éviter le déballage touristique, même si c’est la première approche qu’en a Jean-René, pour inclure le passage d’infos par les yeux, les mots de personnages secondaires.

Al Coutelis donne vie avec talent, et surtout avec ses pinceaux au périple de Jean-René. Le personnage évolue physiquement autant que mentalement. L’embonpoint fait son apparition plus vite qu’on ne s’y attendrait. Les choix de Jean-René peuvent surprendre et certaines évolutions du personnage nous ont semblé un peu rapide.
Le dessin de Coutelis pas forcément réaliste, mais qui sonne vrai, vivant, ajoute encore de la force à cette histoire. Au travers des salles, on a vraiment l’impression d’être aux côtés de Jean-René dans la Palais Bourbon. On en oublie le trait simple qui parfois rappelle l’esquisse, mais une esquisse qui fait ressortir le meilleur des personnages. Une composition simple aussi, faisant que l’on est jamais perdu dans l’histoire et la narration. Une simplicité qui masque un travail de fond qu’on ne perçoit pas forcément, et c’est tout à l’honneur du dessinateur.

Cette BD pêche un peu par son intrigue, selon nous, mais vaut le détour par son style mélangeant vérité et esquisse, et par ce voyage au cœur d’une institution française, qui sait prendre le visage de la fiction pour se rendre intéressante.