Le 13 août 2021
Une des rares intrusions du cinéma français dans le fantastique des années 80. Plutôt très cheap au niveau de la mise en scène. Dommage, car l’idée de départ était intéressante.
- Réalisateur : Francis Leroi
- Acteurs : Jean-Claude Brialy, Anny Duperey, Michèle Moretti, Caroline Silhol, Pierre Santini
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 1h42mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 29 mars 1983
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Résumé : Une jeune femme médecin, qui vient de s’installer sur une île, est confrontée, comme les autochtones, à une série d’événements à la fois inattendus et effrayants...
Critique : Pourtant irrigué par une tradition littéraire fantastique, de Jacques Cazotte à Guy de Maupassant, l’art français n’a pas, pendant longtemps, translaté ce savoir-faire dans le domaine cinématographique. Si l’on excepte de rares classiques (les films de Tourneur ou Franju). la production gauloise a longtemps délaissé le genre, globalement annexé par le septième art anglo-saxon.
Lorsque Le Démon dans l’île sort sur les écrans en 1983, les productions horrifiques au pays de Molière n’affolent pas les compteurs. Et la décennie demeurera une morne plaine que n’agiteront ni Baxter (devenu a postériori une œuvre culte), ni L’Homme qui voulait savoir (un des longs métrages préférés de Kubrick, selon la rumeur), ni Mort un dimanche de pluie (thriller pluvieux et loupé, avec Jean-Pierre Bacri, avant Jaoui), ni d’autres, dont la réputation s’est perdue assez vite...
Où situer Le Démon dans l’île par rapport à ces rares tentatives ? Dans la moyenne basse, dirons-nous, car cette étrangeté, produite par un transfuge du cinéma pornographique, n’engendre pas l’extase du spectateur, lequel s’étonnera que cette très indigente réalisation ait, en son temps, obtenu le prix du suspense au Festival d’Avoriaz, référence du fantastique, ancêtre du Festival de Gérardmer. Mais les prix et les couleurs, ça peut toujours se discuter.
Le cadre à la fois sauvage et mystérieux d’une île bretonne, constamment livrée aux mugissements du vent, est l’endroit que choisit une jeune femme, interprétée par Anny Duperey, afin d’y exercer en tant que médecin. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette arrivée ne suscite pas l’hilarité contagieuse des autochtones, filmés comme tels, c’est-à-dire bourrus, renfermés, volontiers engoncés dans un mutisme réprobateur.
Mais l’opacité inquiétante se condense surtout dans un seul personnage, en l’occurrence un confrère de l’héroïne, que joue Jean-Claude Brialy, dans un contre-emploi plutôt raté. Pour la circonstance, le comédien est nanti d’une barbe méphistophélique qui produit un doublon maladroit, puisque, dès sa première apparition, où il semble jauger sa consœur, le confrère semble incarner la malédiction qui donne son titre spectaculaire au film.
Parallèlement, des phénomènes aussi étranges qu’effrayants se produisent, dont l’enchainement rappelle le très populaire Destination finale, comme si une force invisible voulait du mal à tout le monde. Ainsi, les objets du quotidien, devenus incontrôlables, se retournent contre leurs usagers. Une cafetière ébouillante une habitante de l’île, un couteau électrique sectionne les doigts d’un homme au cours d’un repas convivial, un ours en peluche s’en prend à l’œil d’une petite fille dans une séquence très Dario Argento. De même, un verre se brise au cours d’une cérémonie, blessant gravement la bouche de son propriétaire, et un four retient une main prisonnière, jusqu’à la carbonisation.
Le Démon dans l’île tente de tirer parti de son environnement maritime et de distiller une atmosphère étrange, mais sa mise en scène est tellement indigente que certaines séquences très outrées et l’interprétation globalement trop inégale ne le hissent pas au-delà d’un médiocre téléfilm du service public. Dommage, parce que si l’ensemble paraît le brouillon d’une bonne idée et que la construction psychologique des personnages s’avère trop sommaire pour qu’on s’investisse totalement dans l’histoire, le long métrage parvient à susciter un embryon d’intérêt vers la fin, lorsque la cause de tous les malheurs se matérialise et révèle la tragédie d’un homme.
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