Le 14 mai 2018
Mie vit au sommet d’un phare isolé en compagnie de sa grand-mère, sa mère, son oncle, son père et ses trois frères. Elle cherche au sein du clan familial, un sens à son existence. Elle désire comprendre le monde qui l’entoure et exprimer ce qu’elle ressent. Pour cela, elle rejoint par la pensée le monde animal...

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Notre avis : L’écrivaine québécoise, Audrée Wilhelmy, parvient à nous surprendre en traitant de sujets sensibles comme l’inceste, la polygamie, les secrets de famille.
Dans une atmosphère pesante, lourde, gênante parfois, Mie, cette jeune fille, aînée d’une fratrie de quatre enfants, se construit une vie parallèle liant son être aux animaux. Par la pensée, son corps se métamorphose. Elle n’entend plus son père qui l’appelle... Elle n’entend plus rien... Simplement, elle est un ours, une loutre ou bien une grue. Dans cette fantasmagorie tenant du conte, elle emprunte leur vie, leur liberté, pour interroger " le sexe des humains " ; elle qui a tant de mal à savoir qui elle est.
Osip, l’oncle de Mie, est également l’amant de sa mère, Noé. Cette femme, sauvage, énigmatique, capable de dépecer les baleines sans mots dire, ne sourit pas, ne câline pas... Intriguée, Mie demande à son oncle de lui apprendre la sexualité, de lui montrer et de partager ce plaisir avec elle.
Elle connaît son corps habillé. Elle l’a fouillé sous les vêtements, sous les laines ; elle l’a exploré malgré les obstacles du linge (main bloquée par la couture des culottes, tissu rêche contre les phalanges). Elle connaît les lèvres et leur forme de fleur, la fente qui est creuse comme un marécage — quand elle y entre les doigts, ils sont aspirés vers l’intérieur, comme le pied dans la vase qui s’enfonce et qu’il faut ensuite tirer pour l’extirper —, le cul plus sec que le reste et les poils qui se mêlent autour.
A travers le regard de cette jeune adolescente rêvant de comprendre une mère insaisissable, Audrée Wilhelmy, nous permet de ressentir à quel point les non-dits dans les relations familiales influent profondément sur notre façon d’être. Son jeune écriture, à la fois brute et poignante, fait vibrer la part animale qui réside en chacun de nous et conduit à s’interroger sur ce qui procède réellement de la morale en matière de désir...
Ce troisième roman, Le corps des bêtes, est nominé pour le prix des libraires du Québec et finaliste du prix littéraire des collégiens 2018.
A voir, A lire, à Apprécier !
Date de parution : 07/03/2018
Editeur : Grasset
Présentation : Broché
Nb. de pages : 192 pages