Le 5 octobre 2017

- Genre : Cinéma
- Date de sortie : 10 octobre 2017
Un essai un peu brouillon mais stimulant et singulier dans sa verve.
Notre avis : Directeur de la photographie, réalisateur et enseignant, Charlie Van Damme a rassemblé divers textes (dont deux qu’il n’a pas signés) en un livre foisonnant, qui attaque de toutes parts la place du cinéma dans notre société, et la société elle-même : loin de la leçon de cinéma (elle y figure, et sans doute n’est-ce pas le meilleur de l’ouvrage) nombriliste ou universitaire, Le cinéma est un sport de combat (clin d’œil à Bourdieu) est une œuvre rageuse, souvent indignée, mais dont l’argumentation réduit l’inévitable partialité. Au fond, la question qu’il ne cesse de poser est simple : où en sommes-nous ? À l’heure de la mondialisation et des replis identitaires, de la généralisation du virtuel et de la dictature télévisuelle, le cinéma existe-t-il encore, et dans quel état ?
Cette question implicite le fait parcourir divers sujets, parfois de manière hâtive, parfois au contraire de manière fouillée, mais avec une verve jamais démentie, si bien que le livre se dévore même si l’on s’arrête parfois pour réfléchir aux propos tenus, ce qui est au fond un beau compliment pour un essai. D’autant que le goût de la formule ne nuit pas : « Nous vivons la plupart du temps dans le souvenir nostalgique du septième art, mais nous produisons surtout de l’audiovisuel. », ou « Le cinéma pourrait disparaître, faute de places de parking » n’en sont que deux exemples.
Mais la tendance à la dispersion tend à diluer quelque peu le propos, qui nous paraît aussi violent que pertinent. Ainsi les analyses capitales sur ce que transforme la prééminence du virtuel ou les réflexions sur l’écrasement du cinéma américain, au détriment notamment de celui de pays émergents, comme celles, très stimulantes, sur l’altérité, cohabitent-elles avec une leçon qui, malgré ses qualités, détone singulièrement.
Somme disparate, mise en page un peu confuse et passages plus faibles n’empêchent pas de sentir une foi réjouissante en un cinéma adulte et ouvert qu’une charte dans les dernières pages contribue à définir. On ne peut que souscrire à l’ambition presque naïve selon laquelle un autre cinéma est possible et qu’il n’y a aucune raison autre qu’économique d’avilir le spectateur. Même si on s’avoue plus pessimiste que l’auteur, ce court essai a le mérite de poser de saines questions et de poser les bases d’un constat lucide sans être désespéré.
Date de publication : le 10 octobre 2017
Éditeur : Hémisphères éditions