Le Cheval de fer - la critique + le test Blu-ray

Un western muet qui apparaît comme une œuvre fondatrice en même temps que comme une épopée magistrale.

L’argument :Le jeune Davy Brandon assiste à la mort de son père, tué par un indien à la main mutilée qui est en réalité un renégat blanc. Les années passent. Alors que la construction du chemin de fer bat son plein, Davy Brandon est engagé comme ingénieur par la compagnie Union Pacific, et retrouve à cette occasion Miriam, une amie d’enfance dont il tombe amoureux. Mais il continue inlassablement de retrouver la trace du meurtrier du son père...

Notre avis : Réponse de la Fox au triomphe du monumental Caravane vers l’ouest, Le Cheval de fer est une vaste épopée confiée au jeune mais déjà expérimenté John Ford qui relate la construction de la ligne transatlantique. Le film se veut fidèle à la réalité (figures historiques, authentiques locomotives) mais il témoigne aussi de la foi des pionniers (ceux de la conquête comme ceux du cinéma) qui croient en la dimension éducative du septième art : il s’agit d’unifier un pays en lui racontant son roman national, à la manière d’un Griffith ; comme lui, Ford trouve un ton lyrique au prix de quelques accommodements avec la réalité. C’est que le cinéaste ne s’embarrasse pas de nuances : Lincoln est un saint, Buffalo Bill un héros et une jeune femme peut remotiver des travailleurs par un discours émouvant. On sent que Ford y croit, qu’il est emporté par une naïveté aussi sincère que rigoureuse.

L’épopée des pionniers est construite comme un récit à plusieurs niveaux : le grande et la petite histoire s’y mêlent harmonieusement en un catalogue d’images et de personnages qui fondent tout un pan du western (attaque des Indiens, rôle du train, saloon, bagarres) et en particulier du western fordien (Lincoln, bien sûr, mais aussi par exemple le monologue devant une tombe ou le thème de la vengeance). Loin du travail d’un jeune homme, son film a la puissance d’une épopée et sa mise en scène, soutenue par des moyens considérables, est d’une maîtrise exceptionnelle (le sens du cadrage et du rythme) et d’une invention constante : voir l’attaque des Indiens vue en ombre sur le train ou la chasse aux bisons.

Certes, quelques naïvetés ou la fadeur du personnage féminin ont mal vieilli. Mais nombre de séquences sont brillantes : le meurtre fondateur du père, le cadre idyllique du début, entre cent. On reste surtout fasciné par l’attention portée aux humbles et à leur héroïsme du quotidien : Ford sait mieux que personne saisir les gestes des travailleurs, cadrer des trognes ou filmer les groupes. Mêlant les genres et les tons, il compose une fresque qui a la fraîcheur et la belle naïveté des commencements.

Les suppléments :

Un seul petit entretien (8 minutes) avec Patrick Brion qui revient avec ferveur sur la carrière muette de Ford et le tournage de cette superproduction.

L’image :

Évidemment, vu l’âge du film, la copie même restaurée ne peut supprimer les tressautements ou les multiples parasites (taches, griffures …). Néanmoins l’image est toujours lisible et par moments étonnamment préservée.

Le son :

Les deux pistes (DTS-HD 2.0 et 5.1) offrent à la musique par moments envahissante une belle présence, malgré un léger manque de finesse.