Le chemin des lucioles

Dans un récit très ancré dans la culture japonaise traditionnelle, le réalisateur Yasuo Furuhata nous fait partager la vie de deux kamikazes qui ont survécu à leur mission.

Peu de temps après la mort de l’empereur japonais Hirohito, Yamaoka apprend que son vieil ami Fujieda a mis fin à ses jours. Ils ne se voyaient plus que rarement, mais les deux hommes étaient restés fortement liés par leur passé commun de kamikaze pendant la seconde guerre mondiale. Yamaoka tente alors de comprendre ce qui a pu pousser son ancien compagnon d’arme à un tel geste et replonge dans ses souvenirs.

C’est donc un voyage introspectif que retrace Le chemin des lucioles, celui d’un homme qui avait fait le choix de sacrifier sa vie et qui, ayant survécu par hasard, doit trouver un nouveau sens à son existence. Il y parvient avec l’aide de Tomoko, amoureuse d’un kamikaze coréen mort pendant la guerre. Elle deviendra sa femme, belle jusqu’au bout, même usée par les dialyses. Tous deux ont renoncé à leurs rêves mais ont ensemble trouvé la force de mener une vie heureuse.

Ce couple, fatigué et vieilli, est interprété avec une justesse bouleversante par Ken Takakura et Yûko Tanaka. L’acteur Ken Takakura est d’ailleurs l’instigateur du film. C’est un documentaire sur Chiran, base de départ des kamikazes, qui lui a donné l’envie de tourner Le Chemin des lucioles.

Si l’histoire commence en 1989, les racines du film, elles, remontent à la seconde guerre mondiale. Une visite au Musée de la Paix de Chiran ainsi que de nombreux flash-backs nous font revivre les derniers moments des kamikazes, honorés comme des dieux par une population qui, pressentant la défaite, voyait en eux leur dernier espoir. Cette période lointaine et douloureuse de l’histoire du Japon est encore vivace dans les mémoires à en croire le réalisateur Yasuo Furuhata, qui affirme n’avoir jamais recueilli autant de réactions qu’avec ce film.

Souvenir de la guerre, honneur des kamikazes, relations avec la Corée, famille, suicide... Le chemin des lucioles est une plongée au coeur de la culture japonaise, qui s’offre de superbes détours dans les paysages enneigés de Kagoshima.

Malheureusement, la réalisation un peu vieillotte, même si elle se justifie par le thème traité, confère au film une pesanteur inutile, parfois au détriment de l’émotion.